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 de l’habituelle pointe de jalousie que l’on peut ressentir à la vue
 se sent chanceux d’être épargné d’une telle « fortune ». Au lieu
 Plus cet homme parle de ses « richesses », plus son interlocuteur
 d’une telle envergure.
 a eues à obtenir les ordonnances pour constituer une collection
 il jubile à propos du prix de chacun d’eux, et des difficultés qu’il
 lui a demandé de prendre tous ces remèdes pour rester en vie ;
 médicaments. Il explique d’un ton enthousiaste que son médecin
 présente fièrement un assortiment impressionnant de différents
 Cet individu ouvre en grand son armoire à pharmacie et
 à acquérir.
 montrer à son visiteur la collection de grande valeur qu’il a réussi
 En guise d’allégorie, Rav Lopian évoque un homme désireux de
 D’après le Ramban, nous n’affirmons pas que les vertueux ont
 À la fin du Birkat HaMazon, nous disons « Dorché Hachem lo
 souffrances… »
 aurait dû vous envoyer chez quelqu’un ayant enduré de réelles
 Au début, tout se passa très bien et les chevaux réussirent à  sort, le sentiment de frustration leur est étranger.  laquelle ils ne sont privés de rien. Puisqu’ils sont satisfaits de leur   n’aspirent à aucune forme d’opulence, et que c’est la raison pour   les luxes d’ici-bas. Nous devons comprendre au contraire qu’ils   sont dotés de tous
 progresser  en  dépit  des  chemins  boueux.  Malheureusement,   dont vous tirerez profit toute votre vie. Quant
 au bout d’une heure de voyage, ils furent soudain ralentis par   à l’ultime récompense éternelle, elle vous
 la somptueuse calèche d’un noble se dirigeant dans la même   attendra au Ciel.
 direction. Le cocher guidait ses chevaux à un rythme paisible pour
 éviter d’indisposer son aristocratique passager par des secousses
 trop violentes. La route étant trop étroite pour le dépasser, les
 ‘hassidim furent contraints de ralentir et de rester derrière lui.  Na’houm Ich Gamzou était célèbre pour son adage : « Même
 L’un d’eux se tourna vers son compagnon et lui exprima son   cela, c’est pour un bien ! » Quant à son disciple, Rabbi Akiva, il avait
 inquiétude : à un tel rythme, ils n’arriveraient jamais à Miedzibuz   l’habitude de déclarer : « Tout ce qui arrive est pour le bien. »
 avant Chabbat. Peut-être devaient-ils retourner à l’auberge ?
               Ces deux affirmations sont légèrement différentes. Na’houm Ich
 « Non, affirma le second ‘hassid. Hachem a fait en sorte que ce
            Gamzou percevait tous les événements, bons et mauvais, sous un
 noble nous ralentisse. C’est sûrement pour un bien. »
            angle strictement positif, attribuant nos doutes à notre perspective
 Ils suivirent donc la calèche du noble en gardant une distance   limitée. Pour mieux saisir cette idée, imaginez un enfant qui hurle
 respectueuse, tout en guettant du coin de l’œil la progression   et se débat, sans réaliser que sa mère le nourrit pour son bien,
 du soleil. Au bout de plusieurs heures de voyage à un rythme   en dépit de ses protestations. Nous réagissons de manière tout
 considérablement ralenti, ils arrivèrent sur un sentier entièrement   à fait comparable. Bien souvent, en raison de notre entendement
 embouteillé de véhicules immobilisés. La carriole d’un paysan   partiel, nous ne réalisons pas à quel point Hachem n’agit que dans
 s’était cassée en raison de sa charge trop lourde, et bloquait toute   notre intérêt.
 la circulation sur le chemin étroit. Il était absolument impossible
 de se frayer un passage.   Rabbi Akiva avait une perspective différente. Selon lui, ce que
            nous considérons comme une situation difficile finira par s’améliorer,
 Le noble n’eut pas la patience d’attendre. Il ordonna brutalement
            car Hachem en est à l’origine et nous l’envoie pour notre bien.
 à tous les hommes valides de déplacer la carriole endommagée
            L’on peut comparer cela à une opération chirurgicale, qui malgré
 sur le bas-côté de la chaussée. Les paysans n’osèrent pas discuter
            son caractère douloureux n’en reste pas moins nécessaire pour
 avec l’aristocrate et obtempérèrent à contrecœur. En peu de
            recouvrer une parfaite santé. Même lorsque, sur le moment, la
 temps, la voie fut libre.
            conjoncture paraît sombre et inquiétante, Hachem n’a envers nous
 La longue file de véhicules reprit sa route. Lors d’une bifurcation,   que de bonnes intentions.
 les ‘hassidim furent ravis de voir la calèche du noble ainsi que

 celles des autres, prendre le chemin s’éloignant de Miedzibuz. Ils



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