Page 59 - Constant, Alphonse-Louis (1810-1875). Dogme et rituel de la haute magie (Nouv. éd.) par Eliphas Lévy. 1930.
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DISCOURS  PRÉLIMINAIRE.       51
                       Néron  représente pour  nous la  personnification
                    la  plus complète  de l'idéalisme sans autorité et de
                    la licence du  pouvoir:  c'est l'anarchie de M. Prou-
                    dhon résumée en un seul homme et  placée  sur le
                    trône de  l'univers;  c'est l'absolu des matérialistes
                    en  voluptés,  en  audace,  en  énergie et  en  puis-
                    sance. Jamais nature  plus  désordonnée  n'eSraya
                    le monde de ses  écarts;  et voilà ce  que  les révo-
                    lutionnaires de l'école de M. Proudhon entendent
                    par  de la  poésie;  mais nous ne  pensonspas  comme
                    eux.
                      Être  poëte,  c'est créer;  ce n'est  pas  rêver ni
                    mentir. Dieu a été  poëte lorsqu'il  a fait le  monde,  et
                    son immortelle  épopée  est écrite avec des étoiles.
                    Les sciences ont  reçu  de lui les secrets de la  poésie,
                    parce que  les clefs de l'harmonie ont été remises
                    entre leurs mains. Les nombres sont  poëtes,  car
                    ils chantent avec cesnotes  toujours justes, qui  don-
                    naient des ravissements au  génie  de  Pythagore.  La

                    poésie qui n'accepte pas  le monde tel  que  Dieul'a
                    fait,  et  qui  cherche à en inventer un  autre,  n'est
                    que  le délire des  esprits  desténèbres c'est celle-là
                    qui  aime le  mystère  et  qui  nie les  progrès  de l'in-
                             humaine. A celle-là donc les enchante-
                    telligence
                    ments de  l'ignorance  et les faux miracies de la
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