Page 99 - Constant, Alphonse-Louis (1810-1875). Dogme et rituel de la haute magie (Nouv. éd.) par Eliphas Lévy. 1930.
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INTRODUCTION.              9t

                   sciences humaines et la clef du  pouvoir divin;  mais
                   celui-là seulsait s'en servir  qui comprend  la néces-
                   sité de ne  jamais  le révéler. Si  OEdipe,  au lieu de
                   faire mourir le  sphinx,  l'avait  dompté  et attelé à
                   son char  pour  rentrer dans  Thèbes,  il eût été roi
                   sans  inceste,  sans calamités et sans exil. Si  Psyché,
                   à force de soumissions et de caresses, eût  engagé
                   l'Amour à se révéler lui-même,  elle ne l'eût  ja-
                   mais  perdu.  L'Amour est une des  images mytho-
                   logiques  du  grand  secret et du  grand agent, parce
                   qu'il exprime  à la fois une action' et une  passion,
                   un vide et une  plénitude,  une flèche et une bles-
                   sure. Les initiés doivent me  comprendre,  et à cause
                   des  profanes,  il ne faut  pas  en dire  trop.
                     Après  le merveilleux âne d'or  d'Apulée,  nous
                   ne trouvons  plus d'épopées magiques.  La  science,
                   vaincue dans Alexandrie  par  le fanatisme desmeur-
                   triers  d'Hypatie,  se fait chrétienne, ou  plutôt  se
                   cache sous des vol'es chrétiens avec  Ammonius,

                   Synésius  et le  pseudonyme  auteur des livres de
                   Denys l'Aréopagite.  Il  fallait,  en ce  temps-la,  se
                   faire  pardonner  les miracles  par  les  apparences  de
                   la  superstition,  et la science  par  un  langage  inin-
                   telligible.  On ressuscita l'écriture  hiéroglyphique,
                    et l'on inventa les  pantacles  et les caractères  qui
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