Page 98 - Constant, Alphonse-Louis (1810-1875). Dogme et rituel de la haute magie (Nouv. éd.) par Eliphas Lévy. 1930.
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90 DOGME DE LA HAUTE MAGIE.
c'est Ève spiritualisée. Toutes deux veulent savoir,
et perdent l'innocence pour gagner l'honneur de
l'épreuve. Toutes deux méritent de descendre dans
les enfers, l'une pour en rapporter la boîte an-
tique de Pandore, l'autre pour y chercher et y
écraser la tête de l'ancien serpent, qui est le sym-
bole du temps et du mal. Toutes deux commettent
le crime que doivent expier le Prométhée des temps
anciens et le Lucifer de la légende chrétienne, l'un
délivré, l'autre soumis par Herculeet par leSauveur.
Le grand secret magique, c'est donc la lampe
et le poignard de Psyché, c'est la pomme d'Ève,
c'est le feu sacré dérobé par Prométhée, c'est le
sceptre brûlant de Lucifer, mais c'est aussi la
croix sainte du Rédempteur. Le savoir assez pour
en abuser ou le divulguer, c'est mériter tous les
supplices; le savoir comme on doit le savoir, pour
s'en serviret le cacher, c'est être maître de l'absolu.
Tout est renfermé dans un mot, et dans un mot
de quatre lettres c'est le Tétragramme des Hé-
breux, c'est l'Azot des alchimistes, c'est le Thot
des Bohémiens, ou le Taro des Cabalistes. Ce mot,
exprimé de tant de manières, veut dire Dieu pour
les profanes, signifie l'homme pour les philo-
sophes, et donne aux adeptes le dernier mot des