Page 150 - Les Kamasutra
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essaiera d’en connaître l’époque réelle d’après certains présages, les
          propos de ses voisins, et d’après la position des planètes, de la lune et
          des étoiles. À l’occasion de quelque amusement ou de quelque songe
          le bon augure, elle dira : “Puissé-je lui être bientôt réunie !” Et si elle
          se sent de la mélancolie, ou voit un mauvais présage, elle accomplira
          quelque cérémonie pour apaiser la divinité.
            Lorsque l’homme sera de retour, elle adorera le dieu Kama (c’est-
          à-dire le Cupidon indien), et fera des oblations aux autres divinités ;
          puis, s’étant fait apporter par ses amis un vase plein d’eau, elle
          honorera le corbeau qui mange les offrandes que nous faisons aux
          mânes de nos parents décédés. Après la première visite, elle priera
          son amant l’accomplir aussi certains rites, ce qu’il fera s’il lui est
          suffisamment attaché.
            Or on dit qu’un homme est suffisamment attaché à une femme
          lorsque son amour est désintéressé ; lorsqu’il a en vue le même objet
          que sa bien-aimée ; lorsqu’il est entièrement exempt de soupçons ; et
          lorsqu’il ne compte pas avec elle en matière d’argent.

            Telle est la manière dont une courtisane doit vivre maritalement
          avec un homme : elle est établie ici pour lui servir de guide, d’après
          les règles de Dattaka. Ce qui n’est pas indiqué ici devra être pratiqué
          suivant la coutume et la nature de chaque individu.
            Il y a aussi, sur ce sujet, deux versets dont voici le texte :
            “L’étendue de l’amour des femmes n’est pas connue, même de
          ceux qui sont les objets de leur affection, à cause de sa subtilité, et
          aussi de l’avarice et de la finesse naturelle du sexe féminin.” “Les
          femmes ne sont presque jamais connues sous leur vrai jour soit
          qu’elles   aiment   les   hommes,   ou   qu’elles   leur   deviennent
          indifférentes ;   qu’elles   leur   procurent   de   la   jouissance,   ou   les
          abandonnent ; ou qu’elles réussissent à en tirer toute la fortune qu’ils
          possèdent.”












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