Page 57 - Lux in Nocte 13
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« La passion de la musique est déjà en elle-même un aveu. Nous en savons plus long sur un

            inconnu qui s'y adonne que sur quelqu'un qui y est insensible et que nous côtoyons tous les
            jours. »



            « A quoi la musique fait appel en nous, il est difficile de le savoir ; ce qui est certain, c'est
            qu'elle touche une zone si profonde que la folie elle-même n'y saurait pénétrer. »


            « Hors la matière, tout est musique : Dieu même n'est qu'une hallucination sonore. »




            « Né avec une âme habituelle, j'en ai demandé une autre à la musique : ce fut le début de
            malheurs inespérés... »

            « Sans l'impérialisme du concept, la musique aurait tenu lieu de philosophie : c'eût été le
            paradis de l'évidence inexprimable, une épidémie d'extases. »


            « Beethoven a vicié la musique : il y a introduit les sautes d'humeur, il y a laissé entrer la
            colère. »



            « Sans Bach, la théologie serait dépourvue d'objet, la Création fictive, le néant péremptoire.
            S'il y a quelqu'un qui doit tout à Bach, c'est bien Dieu. »


            « Que sont toutes les mélodies auprès de celle qu'étouffe en nous la double impossibilité de
            vivre et de mourir ! »


            « A quoi bon fréquenter Platon, quand un saxophone peut aussi bien nous faire entrevoir un

            autre monde ? »


            « Sans moyens de défense contre la musique, force m'est d'en subir le despotisme, et, suivant
            son bon plaisir, d'être dieu ou loque. »



            « Il y eut un temps où, ne pouvant concevoir une éternité qui m'eût séparé de Mozart, je ne

            craignais plus la mort. Il en fut ainsi avec chaque musicien, avec toute la musique... »






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