Page 29 - Livre Blanc Paralysie Cerebrale 2021
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SUJET 3      Ce manque de soutien dans l’accès aux appren-    •  Le rôle des Accompagnants des Élèves
              tissages génère des reproches exprimés au cours    en Situation de Handicap (AESH ex Auxiliaires
 De l’école au travail :   des ateliers de travail et qui concernent :  de Vie Scolaire, AVS) et des aides à domicile
                                                                 doit être mieux reconnu en augmentant leur
 s’adapter à la singularité plutôt   •  Le défaut d’anticipation, de fluidité entre     salaire, ce qui permettrait d’élever leur niveau
                les étapes de la formation (arrivée à l’école puis
                                                                 académique de recrutement. Leur rôle est trop
                pour ceux qui le peuvent arrivées au collège,
 que rejeter la complexité.  au lycée, à l’université). Le travail d’orientation    parcellisé, au sein de la semaine, d’une année
                                                                 sur l’autre et entre l’école et «  la maison  ».
                et de préparation des transitions doit débuter
                plus tôt que pour les autres enfants.            Leur formation continue est déficiente.
              •  L’absence de référents scolaires sachant ana-
                lyser la situation. Les MDPH ne sont d’aucune        Valoriser les aidants, bien les payer
 L’institution doit s’adapter aux singularités   aide dans ce domaine. L’accès à une informa-  (à l’école surtout).
 LE CONSTAT
 des élèves avec une paralysie cérébrale alors   tion sur la complexité de la paralysie cérébrale
 L’école est loin d’être aussi émancipatrice et ras-  qu’elle a tendance à écarter les facteurs de com-  et sur les moyens de la réduire est à développer.
 surante pour les élèves et les étudiants vivant   plexité, jugés trop individuels. Habituellement,   De plus, la recherche pédagogique sur les spé-  La poursuite de l’analyse des facteurs de com-
 avec une paralysie cérébrale qu’elle le devrait. Des   les parents, les jeunes eux-mêmes, trouvent nor-  cificités cognitives de la paralysie cérébrale est   plexité est nécessaire mais certains se dégagent :
 efforts pour faciliter l’accessibilité et l’intégration   mal de déléguer aux enseignants la connaissance   à soutenir car trop peu développée.  •  Les déficiences cognitives sont masquées
 ont été accomplis dans le primaire mais d’innom-  pédagogique et à l’institution scolaire le choix   •  L’accessibilité matérielle est loin d’être totale.   et difficiles à expliciter tant par les médecins
 brables insuffisances persistent surtout lorsqu’on   du rythme des apprentissages. Les programmes   La classe n’est accessible parfois qu’au prix d’un   de rééducation ou les neuropsychologues que
 avance vers le lycée, l’université et l’accès au travail.     sont établis pour l’ensemble des enfants, charge   changement d’école et donc de ruptures dans    par la personne concernée. Elles ne peuvent se
 Le principal reproche est un manque d’agilité face à   aux professeurs de trouver les adaptations pour   la vie relationnelle de l’enfant. Si la classe est   résumer en un mot et nécessitent des tâtonne-
 l’inhabituel, aux spécificités de la paralysie cérébrale.   les élèves de leur classe. Cela ne fonctionne pas   accessible, il n’est souvent pas possible d’aller   ments, du temps et de la patience pour obtenir
 pour les élèves et étudiants ayant une paralysie   partout dans l’école y compris dans des lieux   le meilleur apprentissage possible.
 cérébrale, notamment ceux présentant au-delà
   Les rééducations m’ont permis    de leurs troubles moteurs, des troubles cognitifs.     essentiels (bibliothèque, CDI etc.).  •  Une ambivalence existe entre un désir de norma-
 de prendre conscience de l’espace,   •  Certaines activités scolaires sont omises pour   lité, d’intégration, d’une égalité entre les enfants
 des notions simples en haut/en bas,   La délégation à l’institution scolaire est vite prise   les élèves avec une paralysie cérébrale (ce qui   et un désir de faire entendre ses besoins parti-
 devant/derrière, dessus/dessous,   en défaut. Les parents, les jeunes se retrouvent,   prend la forme d’une « dispense ») : Education   culiers à d’autres moments du parcours scolaire.
 notions qui étaient de compréhension   dans le meilleur des cas, dans le rôle de conseillers   Physique et Sportive, sorties, activités cultu-
 difficile pour moi.  des enseignants voire de postiers transmettant   relles, par exemple. Ces exclusions n’ont rien
 les informations. Au pire, les mêmes ne sont pas                    Il est difficile alors qu’on change
 écoutés au risque de la mise à l’écart ou du rejet   de mineures : l’éducation à l’activité physique   de ville de se voir renvoyer de plusieurs
 vers « un endroit spécialisé ».   est essentielle à ces élèves et étudiants.   cabinets de kinésithérapie car la prise
              •  Les inégalités sociales et territoriales sont par-  en charge est trop compliquée.
                ticulièrement marquées dans ce domaine.







 24 LE LIVRE BLANC DE LA PARALYSIE CÉRÉBRALE                                           PARTIE 1 - SYNTHÈSE   25
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