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LIBERTÉ D’ÊTRE SOI
Le repassage est un cérémonial. J’avoue. J’aime. Je reste nue,
en général. La baie vitrée impartiale, le voisinage au travail et
le retraité du coin parfois guetteur. Qu’importe, s’il se fait du
bien. Je suis encore bien faite. Les seins bien mis, les hanches
bien proportionnées sans outrage, les cuisses et jambes fermes
et les fesses toujours rondes avec un léger relâchement sous
fessier. Heureusement, le sport m’aide un peu à tenir ce tout
de corps en bonne et pole position devant mon mari. Je suis
épouse au foyer. Et j’en suis fière. Et oui, j’ai travaillé pendant
vingt-cinq ans et maintenant je profite d’être à la maison entre
le ménage, le dîner… les enfants sont partis, autonomes,
travaillent, bref quoi qu’on dise je suis une femme épanouie.
Alors, je vois déjà les réprobations, les critiques, les reproches,
avec au-dessus de moi l’anathème. Je dis non, et re-non. Enfin,
suis-je une femme libre ou pas ? D’ailleurs ma définition de
liberté m’appartient. Elle n’est pas de l’ordre du collectif. Non,
non. Ma liberté est une et indivisible.
Si j’ai envie d’un amant sur canapé ou dans mon lit suis-je une
salope ou une femme libre ? Je suis une femme libre et mon
mari n’a pas la prétention de m’interdire de fleurir quels que
soient mes printemps et c’est ça le merveilleux de ma vie.
Après cet intermède, j’ai fini entre temps mon repassage. Je
vais reprendre une petite douche. Coquine ou pas coquine ?
Non pas coquine.
Un nouveau maquillage très soft, mon plus beau sourire avec
une tenue d’été comme je les aime et me voilà partie pour mon
nouveau challenge… le fleuriste…