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PREMIÈRE FOIS
Je reste prudent devant le mot amour. J’en ai une peur bleue.
De cette peur de l’inconnuE : la Femme. Je n’ose penser à ce
moment qui aura le goût de l’inattendu… l’écrire n’est rien, le
vivre… je le vois comme une angoisse, une possession de soi
dont on n’est plus chez soi… mais chez l’autre tout étant un
seul dans deux corps pour un seul acte grandissant comme une
fleur tropicale…
Je n’attends pas ce jour, et pourtant, je le ressens, il est inscrit
sur le mur gris de mon inconscience. Je frôle ce moment de
désir intense et la répulsion de l’aborder. La rencontre fatale,
l’appel du dépassement, l’excitation de la découverte…
Aurai-je la force… d’être pris au piège ? Je souhaite la
trahison… que le premier pas… ! Dois-je accepter la douceur
de l’instant proposé comme une possibilité à la fougue
incontrôlée ?
Et puis, tout arrive, la Femme est là-devant moi comme une
statue de la liberté, impressionnante et inaccessible, aux yeux
pénétrants et… affectueux. Contraste inquiétant et surprenant.
Elle me prend la main et… la pose doucement à la base de son
sein…