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DERNIER REPAS
À l’ultime, nous sommes tous, un jour ou l’autre, tenu et « les
jeux sont faits, rien ne va plus » et « le vin est tiré, il faut le
boire »… n’ont pas d’échappatoire. Nous sommes sur le fil du
rasoir et chaque blessure nous délie de la chair et d’os nous
engrossons à nourrir grassement, à l’exemple, une vivace
desmodium gyrans en terre exotique…
J’entends au loin le hautbois de ma dernière ligne… mais j’en
ai rien à vibrer, j’avance à contre-courant comme déphasé à la
ligne d’un destin déjà aiguillé à la va-vite, aux desseins à la
sanguine marinée au nébuleux d’une bonne étoile qui
s’essouffle comme un coureur de fond qui a usé sa volonté,
limé son espoir, déshabillé ses dernières larmes sur le col de la
souffrance tout là-haut à la gamme finale sans trophée…
J’ai le tantrique et les glanduleuses Skene insensibles et mon
corps sur miroir déforme ma réalité d’être. Je ressemble à une
pomme de terre filiforme déformée aux fibres d’un arbre trop
souvent foudroyé. Je prends mes derniers médicaments
poisons avec une autre bouchée de tagliatelles comme si je
dévorais mes derniers liens…
Je m’allonge et attends le terminal d’un regard de Mort
harmonique… qui sait ?