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DÉNONCIATION INACHEVÉE

             Je   suis   boutonnière   pour   « boutons   bi-partis   collés,   sertis,
             clipsés, avec inclusions, boucles ; boules ; anneaux ; bûches ;
             embouts   de  cordon … »   et   suis   mariée   avec   un   boutonnier.
             Rien de bien folichon dans notre vie.

             Au   début,   il   m’a   possédé   debout   sous   une   porte   cochère
             « équipée   de   chasse-roues   métalliques ».   Je   m’en   suis
             souvenue, parce que après avoir fait son affaire, il s’y est pris
             le pied droit et a perdu l’équilibre comme une marionnette. J’ai
             bien ri. Il a pris une semaine de lit de souffrance, le bas du dos
             tout violet que c’était pas beau à voir.

             Je me suis attachée a lui comme on s’attache à un animal de
             compagnie   agréable   tout   étant   utile   c’est-à-dire   sans   les
             inconvénients. Je ne suis pas spécialement une beauté, lui pas
             spécialement un Apollon avec ce caractère un peu niais et je
             peux à loisir le commander, le houspiller, il ne dit rien, il sourit
             très souvent béatement et rampe si je lui demande. Il n’a pas
             une once d’antenne pour détecter la manipulation dont il est la
             victime consentante par défaut.

             Et puis l’engrossement. Le monde se fabrique de l’enfantement
             inéluctablement comme une survie à contre-courant. Un, deux,
             trois, quatre enfants, le tout dans le foin notre nuptial endroit
             de prédilection pour s’ébattre entre la grange et la meule de
             campagne. Je l’aime par défaut et de ses défauts.

             Et puis, nous voilà dans l’âge de la vieillesse à la quarantaine…
             à-peu-près. Ceux qui font l’histoire ne savent pas qu’ils font
             l’histoire et notre histoire n’a pas tourneboulée le monde et
             pourtant le mien va s’écrouler dans ce silence au-delà de mon
             écriture qui fera témoignage et cela après le fromage et pain
             de blé noir…

             Il vient de m’empoisonner avec un bonbon qu’il a soi-disant
             acheté au marché ce matin et qu’il m’a offert sourire tendre et
             visage presque candide…

             A mon écriture tremblante, je suis à vomir sur ma terre battue
             et   humide   de   tristesse   et   de   douleurs.   Me   voilà   toute
             boutonneuse   sur   tout   le   corps,   un   comble   pour   moi…
             vengeance   de   lui ?   D’une   rivale ?   Je   suis   seule   à   ma   table
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