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ÇA BALANCE POUR MOI
Entre « je marche sur des œufs » et « je joue sur du velours »,
y a un monde. Et l’un ne raille pas l’autre. Respect mutuel et
apaisement assuré, harmonie de bon aloi et l’horizon de la paix
sera assuré.
Bref, tout ça pour dire que je suis un total profane des
expressions. Je n’aime pas les expressions, enfin celles des
autres et puis c’est tellement facile. On peut ainsi faire bonne
figure dans la pâleur d’une conversation et les sacrer aux airs
de discussions usées, débraillées, évasées et disgracieuses (je
ne donne pas d’exemple, suivez mon regard).
Je préfère les moments naïfs de la balançoire (je suis un fan,
cela me rappelle, d’un peu loin il est vrai, mon berceau), cela
m’apaise, me console, me charme et ce rythme m’endort
presque que je pourrais me métamorphoser en chrysalide de
papillon (je conçois l’énormité de la chose et la quantité de
glucide astronomique de l’envergure d’un tel papillon de cent
trente bons kilogrammes (habillé).
Mon vœu n’a jamais été réalisé pour le plus grand
soulagement de mon entourage et je ne voudrais pas les
hérisser (même des poils) mais je soupçonne qu’ils profitent du
débonnaire gallinacé de notre voisin pour me réveiller au
moment le moins opportun. Mais gare si je m’en aperçois, avec
moi « ils marchent sur des œufs » et « ils jouent sur du
velours », car mon courroux sera d’une belle brises-d’os.