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ÇA BRÛLE MAMAN

             Je ne crains pas la forêt, sauf, il faut l’avouer, le bleu de la
             vaste étendue de futaie des Trois Cercles des Éperviers. Je vais
             toujours  accompagner  de mon… doudou.  Je  sais  c’est bête,
             mais c’est mon talisman et on ne rigole pas. J’ai cinquante ans
             d’âge, l’air oxyde, le caractère placide, la volonté d’acide, mais
             j’ai   mes   faiblesses   comme   mon   animal   de   compagnie,   le
             Lipomel, un genre de croisement entre le corps d’un renard et
             d’une tête de bélier. Efficace à la chasse, audacieux devant la
             difficulté, obéissance de premier choix, ce n’est pas un genre
             Mario. Non, non, c’est du sérieux cet animal-là, mais il y a du
             tendre en lui, c’est aussi sa faiblesse.

             Et il n’est pas comme nous tous, il n’a pas peur du feu et
             maman nous le dit et redit sous tous les tons, le feu ça brûle. Il
             y a aussi un autre feu qui incendie, et pour nous consoler, mes
             frères et sœurs, quand nous étions à cet âge des amourettes,
             elle   nous   promettait   un   superbe   crayon   fabriqué   par   le
             magicien de cette fameuse forêt de TCE (Trois Cercles des
             Éperviers) mais que jamais nous n’avons eu.


             Et c’est bien en ce jour que je vais m’y aventurer, pour me le
             procurer, car il guérit les brûlures. Mais au moment de partir,
             maman   m’apporte   mon   bonbon   préféré :   la   frise   de   fraises
             confites. J’en raffole tellement que rien ne compte que ça. Je
             suis un fada de cette confiserie. Je suis carrément damné. Je
             remets, une nouvelle fois, à un autre jour ma recherche du
             crayon guérisseur des brûlures du… cœur.

             Les mamans sont parfois étrangement possessives.
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