Page 2 - auto-preface
P. 2
De coche est dérivé cocher qui s'est dit de tout conducteur de voitures transportant des personnes, tandis
que le charretier (dérivéde charrette) transportait des marchandises. Vers le milieu du XVIIe siècle, les
premières voitures de Louagefont leur apparition, on les appelle des fiacres (ce nom passa même de la
voiture au cocher, d'où l'expression familière jurer comme un fiacre, c'est-à-dire comme un cocher de
fiacre). Le savant Ménage,invoquant sa qualité de témoin oculaire, raconte que ce nom a été donné aux
voitures de louage parce que leur première station se trouvait dans une cour ornée d'une image de saint
Fiacre.
Au XVIIIe et au XIXe siècle, les fabricants de voitures ont rivalisé, d'ingéniosité dans la construction de
véhicules adaptés à la mode ou aux besoins des personnes. Ils n'ont pas déployé moins d'ingéniosité
dans leur dénomination: le phaéton, du XVIIIe siècle était appelé du nom du fils du Soleil qui, dans la
mythologie grecque, avait une fois conduit le char de son père; le cabriolet, du XVIIIe siècle également,
sautait sur les pavés; le tonneau, du XIXe siècle avait une forme cintrée. Le tilbury devait son nom au
carrossier anglais qui l'avait inventé. Certaines voitures rappelaient par leur nom la ville où elles avaient
pris naissance: ainsi le landau (vers 1820), dont le diminutif landaulet désigne aujourd'hui une voiture de
bébé, et avant lui la berline. La berline avait été créée au XVIIIe siècle pour l'architecte de l'électeur de
Brandebourg. C'était une grosse voiture de voyage que l'on pouvait aménager selon ses commodités,
telle la berline de Napoléon.
Pour les voyages en commun, à longues distances, la diligence apparaît vers la fin du XVIIe siècle sous le
nom de carrosse de diligence, c'est-à-dire de carrosse rapide. Elle marquait un progrès considérable sur le
coche. Les diligence tinrent bon jusqu'à ce que le chemin de fer les refoulât peu à peu dans les
campagnes écartée , où elles finirent par disparaître.
En ville , un peu avant 1830, apparurent les premier omnibus1. Omnibus est l'abréviation de voitures
omnibus, c'est-à-dire, en latin, «pour tous». On a prétendu que ce nom d'omnibus était un jeu sur le nom
d'un Nantais, M. Omnès , qui aurait pris une part importante dans la création des omnibus de sa ville
natale. Pour en avoir le coeur net, nous avons écrit à M. l'archiviste de la Loire-Atlantique, qui a bien
voulu nous répondre qu'il ne trouvait aucune trace des faits allégués.
Les omnibus parisiens étaient exploités, au début, par plusieurs compagnies qui donnaient à leurs
voitures des noms séduisants et pittoresques: Les Dames blanches, Les Ecossaies, Les Hirondelles, Les
Gazelles, etc. La disparition de ces compagnies en 1885, au profit de l'unique Compagnie générale des
omnibus, a mis un terme à cette floraison.
Le mot omnibus a eu une fortune universelle. Abrégé en bus, il a conquis le monde anglo-saxon. En
français, bus est devenu un suffixe de véhicules de transports urbains. Les autobus ont succédé aux
omnibus et dans certaines villes, il existe des trolleybus qui reçoivent l'énergie électrique à l'aide de
trolleys. Mais nous voici arrivés au seuil de nouveaux types de véhicules qui ont amené dans le
vocabulaire français toute une série de termes nouveaux.
Automobiles et bicyclettes
L'apparition de véhicules à moteur devait amener un renouvellement du vocabulaire des transports. A vrai
dire, quand, en 1771, l'ingénieur français Cugnot inventa une sorte de tracteur destiné aux pièces
d'artillerie, on l'appela simplement chariot à vapeur.Automobile n'apparaît qu'en 1876. C'est d'abord un
adjectif, épithète de voiture (une voiture automobile). Il devient nom à la fin du XIXe siècle (une
automobile) et est ensuite abrégé en auto dans l'usage courant. Automobile est un composé de deux
éléments, l'un grec, auto, qui équivaut à « par soi-même », l'autre d'origine latine, mobile ; le mot signifie
donc « qui se meut par soi-même». D'automobile est dérivé automobiliste, mais on préfère appeler les
conducteurs d'automobiles des chauffeurs (avec la variante injurieuse chauffards).
Les automobiles eurent d'abord des noms divers selon leur forme. Comme les premiers carrossiers
d'automobiles étaient d'anciens carrossiers de voitures à chevaux, ils donnèrent aux automobile les noms
des voitures qu'elles rappelaient. On eut ainsi, au début de ce siècle, des phaétons, des landaulets, des
tonneaux, etc.
On vit aussi des création nouvelles: la limousine était assez vaste et complètement close; la torpédo
venait d'Espagne; elle avait la forme et, disait-on, la rapidité d'une torpille (torpedo) en espagnol.
Puis ces noms cessèrent d'être employés, et pendant un temps on ne désigna plus les automobiles que
par le nom des fabricants et par des indications techniques (numéro, nombre de chevaux). Mais, dans ces
dernières années, les fabricants se sont mis à donner à leurs créations des noms qui veulent évoquer
l'idée de rapidité ou d'aisance: frégate, vedette, aronde (vieux nom de l'hirondelle).
Le camion, automobile de charge, a gardé le nom de l' ancienne voiture de charge (d'origine inconnue),
de même que voiture s'est dit de automobiles. Mais le diminutif camionnette est récent et ne s'est jamais