Page 57 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
P. 57

Les hommes de l'ombre  55

Oless des sous-officiers [.. .] '.» Tous les camarades qu'il
évoque étaient des sergents.

     Il se trahit encore lorsqu'il écrit : « Après Saint-
Maixent, en mars 1957, j'étais aspirant à l'âge de dix-neuf
ans et demi » et, en dernière de couverture, on découvre
qu'il était sous-lieutenant une anoée plus tard, en 1958.
Non seulement, il n'explique pas cette fulgurante promo-
tion, mais il oublie surtout que Saint-Maixent est une école
de formation de sous-officiers l Non-bachelier et indigène
de surcroît, le voilà sous-lieutenant à l'âge de vingt ans et
demi. S'il avait poursuivi sa carrière dans l'armée fran-
çaise à ce rythme, il aurait fmi général à l'âge de trente
ans. Quel prodigieux officier la France a perdu!

     Certes, il reconnaît 2 avoir fait partie de la « promo-
tion Lacoste », mais tout le monde sait que les sous-offi-

ciers qui ont bénéficié de cette promotion étaient préparés
par l'armée française pour infiltrer l'ALN. Durant mes
années de service dans l'année algérienne, j 'entendais sou-
vent mes aînés parler de cette fameuse promotion dès
qu' ils évoquaient les anciens de l'armée française. C'était
une véritable insulte.

      Ce passé, le général Nezzar a du mal à l'assumer.

Pour les officiers anciens maquisards, «Nezzar est un

traître, fils de traître ». Ille confirme d'ailleurs lui-même:

« Alors que je passais quelques jours de vacances avant de
rejoindre ma nouvelle école en France, des moudjahidine

m'approchèrent [...] pour me demander de déserter les

rangs de l' armée française et rallier la révolution. J'eus
pour première réaction de me confier à mon père. [...] Il
me voyait mal monter au maquis à mon âge J. »

      Si lui ne pouvait pas rejoindre le maquis sous prétexte

1. Idem, p. 37.
2. Idem, p. 32.
3. Idem, p. 32.
   52   53   54   55   56   57   58   59   60   61   62