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             lesquels ils sont informés et constitués dans les circuits de production
             et d'échanges régionaux, nationaux et continentaux.
                     De manière générale, avec ces conditionnalités à l'esprit, la
             généalogie, les lignes de descendance, du cinéma africain sont situées
             et rendues intelligibles, historiquement et culturellement distinctes.
             En commençant par le projet colonial de déni et de dévaluation cul-
             turelle, jusqu'aux énoncés formateurs des cinéastes africains et de
             leurs alliés, qui s'unissent et deviennent un appel et une revendication
             collective pour un cinéma né de l'africanité et façonné par elle, en
             tant qu'affirmation décoloniale et de valorisation de toutes sortes d'ex-
             périences africaines. Non moins déterminante, la nascita de ce cinéma
             s'est réalisée dans le jeu du panafricanisme et des luttes anti-colo-
             niales des années 1960. Puis, dans la période post-indépendance, avec
             les « nationalisations » des cinémas africains du début des années
             1980 à la fin des années 1990, dans les conditions d'une « économie
             de marché », selon Olivier Barlet et Claude Forest, a marqué le dé-
             clin de la « conscience collective » et l'essor d'un cinéma d’« indivi-
             duation ». Depuis lors et jusqu'à aujourd'hui, les auteurs affirment
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             que la révolution numérique a provoqué « un renouveau thématique
             et esthétique radical » du cinéma africain, que les contributeurs in-
             terrogent dans ce recueil, comme ils le font pour chaque étape du
             continuum du cinéma africain .
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                     Une des nombreuses chronologies de la rencontre et de la to-
             pographie cinématographiques africaines, de sa périodisation et de
             sa conjoncture jusqu'à aujourd'hui, est suggérée dans la liste des films
             suivants, volontairement simplifiée:
                     En 1895, année de la projection de La Sortie de l'Usine Lu-
             mière à Lyon par les frères Lumière, Félix Regnault documente le
             travail d'un potier d'argile wolof dans Une femme ouolove. L'année
             suivante, des projections ont lieu en Égypte et en Afrique du Sud et
             l'année suivante (1897), en Tunisie et au Maroc. Pendant la période
             de dénonciation coloniale, René Vautier dénonce le projet colonial
             dans le documentaire Afrique 50 (1950, France), Paulin Soumanou
             Vieyra et Mamadou Sarr traitent de l'identité des étudiants africains
             à Paris et de la signification emblématique et localisée de l'Afrique,
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