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             des sites où ces publics « consommaient les films hollywoodiens que
             leurs maîtres coloniaux trouvaient dangereux », tout en constituant
             des espaces permettant et favorisant la « sociabilité urbaine » parmi
             les africains de statut social inférieur. L'essai de Tom Rice, « De l'in-
             térieur : l'Unité du film colonial et le début de la fin », traite des ater-
             moiements  de la politique coloniale britaninque en matière
             d’éducation et de formation des africains en s’appyant sur l’exemple
             de la Côte d'Or (aujourd'hui Ghana) dans la période d’après guerre.
             Et enfin, on en vient à l'étude récente d'Odile Goerg dans son essai
             intitulé « La Génération de l'Indépendance: La culture cinématogra-
             phique et la lutte anticoloniale dans les années 1950 » qui traite de
             l'évolution de la culture cinématographique dans les années d'après-
             guerre. Odile Goerg y cartographie la circulation du cinéma occi-
             dental, abordant  la réception des  films américains  par les publics
             africains, le rôle et les variations de la censure déployée dans les co-
             lonies françaises et britanniques, et les défis émergents face aux dis-
             cours coloniaux sur le cinéma.
                     La deuxième section : « Constituer le cinéma africain »,
             comprend des essais qui traitent :
                     a) du « moment » et de la nascita de ce qui allait devenir le
             cinéma africain, vers 1955, alors que les luttes anticoloniales émer-
             geaient pour contester la domination impériale en Afrique et dans le
             Sud dans sa globalité;
                     b) de la lutte contre l’obligation de consommer du cinéma oc-
             cidental pendant la période post-indépendance;
                     c) de la création de grands festivals de cinéma à Tunis (JCC)
              et (FESPACO) à Ouagadougou, ainsi que de la Fédération Panafri-
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              caine des Cinéastes (FEPACI) qui, en contrepoint de la domination
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               intérêts et les objectifs du cinéma africain et son rôle dans les pro-
              cessus culturels et éducatifs du développement des sociétés africaines.
                  A partir de deux textes fondateurs, « Qu’est-ce que le cinéma pour
              nous » de Med Hondo et « Un cinéma en lutte pour sa libération » de Férid
               Boughedir, la problématique du cinéma africain est d'énoncer des
              principes d'organisation nécessaires à sa propre indépendance et à
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