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        l' «autofiction » des années 1980, l' « individu contre le monde »(années
        1990), « vers l'humanité » (années 2000), et pendant les années 2010,
        «  un hommage à l'inquiétude  », que Barlet  décrit  comme une  « période
        troublée  »  marquée  par  «  la  montée  des  inégalités,  du  populisme  et  des
        dictatures ». Les deux derniers essais de cette section se termi- nent par des
        aperçus du projet colonial et de l'évolution du cinéma africain dans
        « Afrique, le dernier cinéma » de Clyde Taylor jusqu'aux années 1980 et la
        synthèse du cinéma africain de Férid boughedir dans « Le mouvement du
        cinéma panafricain: Réussites, malheurs et échecs (1969-2020) ».

                La troisième section, « Théoriser le cinéma africain », est composée
        de 9 essais  critiques.  Ensemble, ils  interrogent  la problé-  matique
        d'organisation,  les prémisses  sous-jacentes et  les  cadres  conceptuels  sur
        lesquels le cinéma africain est constitué, débattu et remis en question par les
        cinéastes, les spécialistes du cinéma et les critiques. Des facteurs contingents
        tels  que  la  nationalité,  l'orientation  (politique),  la  race,  le  lieu,  la  langue,
        l'oralité, etc., sont en jeu, ainsi que des questions controversées telles que:
        Qui est un cinéaste afri- cain? Qu'est-ce que l’« africanité » dans la conception
        et la pratique du cinéma africain? En définissant le cinéma africain, sommes-
        nous en train de créer un « ghetto théorique » et une orthodoxie formelle qui
        étoufferont de nouvelles formes expressives et stratégies de représentation ?
         «  Parler,  c'est  être  en  mesure  d'utiliser  une  certaine  syntaxe,  de  saisir la
        morphologie de telle ou telle langue, mais c'est surtout assumer une culture,
        supporter le poids d'une  civilisation ». Contre les limites  du doublage et,
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        ironiquement, sa capacité à réaffirmer les valeurs oc-  cidentales, Vieyra le
        défend comme un compromis, « le moindre des deux maux », plutôt que de
        soutenir une langue comprise par 10 % du public, déclarant que « la greffe de
        la langue africaine apporterait un sens local et une dimension » affective pour
        les publics africains.  À  cet  égard, pour  Vieyra,  « le  cinéma africain  doit
        commencer par être totalement africain » s'il veut contribuer au monde, ce qui
        signifie que l’« Afrique doit être à l'origine des langues africaines ».
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        Pour conclure cette section sur la refonte des médias africains sur
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