Page 145 - Livre2_NC
P. 145
136 FESPACO/BLACK CAMERA/INSTITUT IMAGINE 12:2
de la conférence « The Film in Colonial Development » qui, sans aucun
« colon » parmi ses sept orateurs invités, avait proposé un modèle de dé-
centralisation tout aussi ambigu et provisoire. John Grierson avait plaidé
en faveur d'une production cinématographique locale « créée de l'intérieur
par et pour les peuples coloniaux eux-mêmes », qu'il suggérait d'intégrer
davantage dans l'administration du gouvernement local. Cependant, il avait
également proposé une « École des colonies » centrale pour administrer et
superviser un échange culturel de films, de personnel et d'idées dans tout
l'empire .
33
En discutant des changements apportés à l'UFC, Carstairs a re-
connu que ces politiques d’« africanisation » n'étaient certainement pas en-
tièrement idéalistes, mais qu'elles étaient une fois de plus motivées par des
considérations financières. « Le personnel européen des Unités de Films
coloniaux ne vit pas dans la douceur, mais il reste un élément relativement
coûteux », affirme-t-il, « il est important, pour des raisons de coût unique-
ment, même s'il n'y en avait pas d'autres, que de former des gars locaux
pour ce travail ». L'organisation du Mois des Colonies par le ministère
34
des Colonies avait reconnu et répondu à une réaction de plus en plus vive
en Grande-Bretagne contre les dépenses coloniales. En outre, malgré toute
la rhétorique de l' « africanisation » dans le cinéma et la politique adminis-
trative, Carstairs et ses collègues du ministère des Colonies continuaient
à valider les théories traditionnelles du spectateur colonial et les hypothèses
raciales institutionnelles. Lorsqu'il discutait des limites des programmes de
formation cinématographique, Carstairs soutenait que ces limites répon-
daient aux exigences du public visé. « Les stagiaires produisent un type de
film simplié », dit-il, « sans fioritures, mais avec un contenu fort et une
touche locale, qui correspond très bien au stade d'éducation cinématogra-
phique atteint par leur public ». Même en 1954, lorsqu’Harold evans,
35
un collègue de Carstairs au Colonial Office, discute de la fermeture des
programmes de formation de la CFU, il souligne encore la valeur de cet or-
ganisme centralisé. « Il nous semble, dit-il, qu'il faudra garder un œil pa-
ternel sur les résultats de certaines des petites unités pendant un certain
temps encore » .
36
Les programmes de formation de la CFU peuvent avoir été pré-
sentés comme une preuve de la volonté d'africanisation du gouvernement,
mais ils révèlent une fois de plus la complexité et la prudence constante de
ce processus. Le ministère des Colonies a continué à coordonner et à su-
perviser ces programmes, qui perpétuaient souvent la rhétorique coloniale
établie. Plutôt que de révéler un nouveau modèle de cinéastes et de produc-