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             également évidents dans la couverture médiatique de la tournée. African
             Affairs a commenté les « descriptions stupides de la presse britannique de
             la Gold Coast Police Band comme étant des Jungle Musicians  ».
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                       Ces événements et ces visites ont montré les africains en Grande-
             Bretagne à un moment où l'immigration et les questions de citoyenneté
             étaient à nouveau au centre du discours public. La loi sur la nationalité bri-
             tannique de 1948, qui institue un nouveau statut de « citoyen du Royaume-
             Uni et des colonies », suscite un large débat sur la position des coloniaux
             au sein de l'identité britannique. Dans le même temps, l'augmentation de
             l'immigration et les rapports sur les émeutes raciales à Liverpool ont rendu
             les hommes et les femmes noirs plus visibles en Grande-Bretagne (et ont
             potentiellement modifié la façon dont les spectateurs africains percevraient
             désormais la Grande-Bretagne). Pour les spectateurs africains, les films
             cherchent à dissiper toute notion d'animosité raciale, notamment dans Ni-
             gerian Footballers, qui montre des scènes de foule où sept mille britanniques
             et africains applaudissent ensemble à Liverpool. Ils mettent l'accent sur la
             reconnaissance et la validation des africains au sein de la Grande-Bretagne,
             puisque Nigerian Footballers et Colonial Cinemagazine  se terminent par
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             des images de foules britanniques applaudissant les artistes africains. En
             outre, ils visent à rassurer le public africain quant à l'attention et au bien-
             être accordés aux africains qui vivent désormais en Grande-Bretagne. Ceci
             est particulièrement remarquable dans l'analogie inconfortable de Colonial
             Cinemagazine  (1947), qui montre des animaux africains bien soignés dans
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             leurs nouvelles maisons du zoo de Londres. Il est significatif que, compte
             tenu des craintes de la Grande-Bretagne à l'égard de l'immigration et de
             l'évolution vers l'autonomie, ces films définissent largement les africains
             comme des « visiteurs ». Les films montrent fréquemment des africains fai-
             sant des signes d'adieu et indiquent que les hommes coloniaux ramèneront
             les connaissances acquises dans leur propre pays et y formeront la direction
             politique. Les films suggèrent donc un retour dans les colonies, tout en sou-
             lignant l'importance de l'instruction, des valeurs et de la coopération éco-
             nomique britanniques dans ces mouvements.

                       Les films de la Home Unit peuvent sembler de plus en plus ana-
             chroniques en 1949, alors que la production cinématographique et l'admi-
             nistration coloniale commencent à s'éloigner de Londres pour s'installer
             dans les colonies. Pourtant, ces films révèlent la nature encore provisoire
             et complexe de cette évolution, tant dans leur structure formelle que dans
             les événements qu'ils décrivent. Ils anticipent également les changements
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