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Tom Rice / L’unité du film colonial 129
lement sous la forme d'un produit facilement reconnaissable. La délimita-
tion des colonies en termes économiques par leurs produits était une carac-
téristique standard de la rhétorique coloniale (l'exposition sur l'empire de
1924-1925 était largement organisée de cette manière) et était particulière-
ment répandue dans le cinéma documentaire colonial de l'entre-deux-
guerres. Cet accent mis sur le commerce et le partenariat économique
répondait à la domination économique américaine, le Ministère des Colo-
nies cherchant à mettre en place une forme d'union en promouvant la zone
sterling, un bloc économique (lié à la livre) dont la plupart des Colonies et
des Dominions faisaient partie.
Le Colonial Office mettait directement l'accent sur les avantages
économiques de l'accueil des travailleurs coloniaux en Grande-Bretagne,
et de la poursuite des investissements coloniaux. Cela est évident dans Spot-
light on the Colonies (1950), qui utilise une grande partie du matériel de la
FU et du HU, mais qui a été supervisé par l'Economic Information Unit du
gouvernement pour les cinéphiles britanniques. « Pour nous, dans les usines
du pays, ce plan d'échange mutuel peut sembler lointain », note le commen-
tateur, « mais nous en faisons partie, chacun d'entre nous; car si les colonies
doivent nous envoyer la nourriture et les matières premières dont nous man-
quons, nous devons leur envoyer les outils pour faire le travail ». Le com-
muniqué de presse du film suivait une rhétorique similaire. « Si nous
continuons à aider les colonies, conclut le communiqué, nous aurons dans les
années à venir de solides partenaires sur la voie commune du progrès .
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Le Dr. Rita Hinden, une militante socialiste sur les questions
coloniales qui a initialement conseillé Spotlight on the Colonies, a soutenu
que le gouvernement était à l'origine d'un changement ici. Elle a expliqué
en 1948 que :
« Le problème dans le passé était que seuls les intérêts économiques de la
Grande-Bretagne étaient pris en compte, et que les économies coloniales étaient
adaptées aux besoins britanniques ».
Il s'agit maintenant d'une question d'avantage mutuel, chaque pays se concen-
trant sur la production de ce qui lui convient le mieux, même si nous n'avons
pas encore réussi à convaincre tous les peuples coloniaux que c'est aussi honnête
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que cela .
L'UFC a donc servi en partie à convaincre les publics coloniaux
des avantages de ce « développement ». Cet objectif n'est pas atteint en met-
tant en avant la valeur économique de cette alliance (comme en Grande-Bre-
tagne), mais plutôt en faisant référence au commerce impérial comme un