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regardent, selon les termes du commentateur, cette « scène colorée ». Plus
tard, lors de la visite de la ferme, les africains apparaissent à nouveau en
costume, discutent de manière informelle et se mêlent aux dignitaires et aux
ouvriers britanniques. Alors que les séquences formelles à Londres souli-
gnent la division et l'incongruité de la scène, les séquences à l'extérieur de
Londres révèlent une transgression apparente des frontières de classe et de
genre, alors que les africains parlent « de première main » avec les digni-
taires britanniques, les ouvriers et ouvrières agricoles locaux.
D'autres productions de la Home Unit révèlent cette dichotomie
entre la coopération moderne et le leadership traditionnel centralisé. Par
exemple, Colonial Cinemagazine (1947) montre des étudiants coloniaux
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rencontrant de jeunes fermiers à Lampeter au Pays de Galles, mais aussi un
goûter officiel du Ministère des Colonies à Londres, au cours duquel David
Rees-Williams, le sous-secrétaire d'État aux Colonies, rencontre des étu-
diants de Malaisie et de Hong Kong . Cette incertitude quant au juste équi-
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libre entre centralisation et décentralisation est également apparente dans
Colonial Month. Cette incertitude quant au bon équilibre entre centralisation
et décentralisation est également apparente dans le Mois des colonies. Tout
en étant censé mettre en avant cet idéal moderne de partenariat et d'égalité,
le cadrage révèle une division persistante.
Ceci est révélé de façon plus aiguë dans la dernière séquence mise
en scène, qui montre les hommes africains et britanniques discutant de part
et d'autre du cadre, avant de partir dans des directions opposées. C'est ce
que révèlent les séquences de cet événement présentées dans la séquence
finale mise en scène montre les hommes africains et britanniques discutant
de part et d'autre du cadre, avant de partir dans des directions opposées.
Ce sont donc des textes souvent conflictuels, rendus ambigus par l'in-
certitude des changements politiques. Le Mois des colonies célèbre la dépen-
dance et la loyauté continues des colonies à l'égard du centre impérial, mais
il reconnaît également les changements au sein de cette relation impériale,
car il promeut le programme de développement du gouvernement. Dans une
scène, le commentateur décrit comment « Eda, une petite fille malaise dont
le père étudie actuellement à l'université d'Oxford, a offert un bouquet à la
reine ». La reine, figure de proue impériale universellement reconnaissable,
reçoit des cadeaux de ses colonies, mais le commentateur souligne également
ici les responsabilités et le rôle continus de la Grande-Bretagne dans l'éduca-
tion et la formation d'une élite africaine (et malaise dans ce cas).