Page 131 - Livre2_NC
P. 131
122 FESPACO/BLACK CAMERA/INSTITUT IMAGINE 12:2
gande » destinés à encourager le public africain, comme en témoigne sa
première production, Mr. English at Home (de Gordon Hales, 1940,
Grande-Bretagne). Après la guerre, le rôle de la CFU a commencé à changer
d'une manière qui reflétait souvent les processus plus larges de décolonisa-
tion. Au début de 1946, la CFU envoie des unités en Afrique de l'Est et de
l'Ouest. Désormais financée par le Colonial Development and Welfare Act
et sous la direction de la Division des films du Central Office of Information
(COI), la CFU réalise des films éducatifs pour le public africain, l'instruc-
tion pratique remplaçant la propagande impériale plus générale. En 1948,
la CFU cherche de plus en plus à éloigner la production (et donc les dé-
penses) de Londres et à la transférer dans les colonies. Le Home Unit ne
représente plus que 20 % de la production de la CFU et est financé séparé-
ment en tant que service allié par le vote du COI. La marginalisation crois-
sante de la HU est donc révélatrice de ce changement dans la politique
cinématographique, qui reflète étroitement les changements dans les poli-
tiques .
4
La HU sert à relier les fonctions et la structure traditionnelles de
la CFU à ses ambitions ultimes. Son rôle consistant à filmer les africains
amenés à Londres, peut sembler anachronique dans le contexte d'une poli-
tique administrative et cinématographique qui se détournait de plus en plus
de Londres pour se tourner vers les colonies. Pourtant, en filmant une série
de conférences, de visites et d'expositions publiques, ces productions de la
H.U révèlent certaines des façons dont le Ministère des Colonies visualisait
l'évolution des relations de la Grande-Bretagne avec l'Afrique et, plus im-
portant encore, cherchait à exprimer ces changements imminents à un public
africain. Les films présentent des sportifs africains (Nigerian Footballers in
England, 1949), des musiciens (Colonial Cinemagazine 1947) et des di-
9,
rigeants (An African Conference in London, 1948). Ils célèbrent l'intérêt
des Britanniques pour l'empire (Colonial Month, 1949) et montrent des évé-
nements sociaux et politiques qui cherchent à remettre en question les percep-
tions populaires de la vie politique africaine. Pourtant, dans leur structure
formelle largement traditionnelle, qui définit Londres à travers ses points de
repère, ses institutions et ses références répétées à la famille royale, comme le
centre idéologique à partir duquel l'empire peut être contrôlé et maîtrisé, les
films révèlent la nature encore hésitante et réactionnaire des démarches du
gouvernement britannique vers la décolonisation.
Les films de la Home Unit constituent donc un point de départ
pour l'examen de ces changements au sein de la politique cinématogra-
phique et politique coloniale. En montrant des événements et des tournées
officielles, ils révèlent certaines des façons dont le Colonial Office et le