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James Burns / Le bioscope africain                           117

          activité avant qu'un entrepreneur n'en ouvre une récemment. En Afrique du
          Sud, les énormes cinémas multiplexes ont presque entièrement remplacé
          les bioscopes locaux. Comme l'indique un article récent de Reuters, «En
          Afrique du Sud... les townships noirs qui s'étendent à la périphérie des
          grandes villes n'ont pratiquement pas de cinémas  ».
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                   Le bioscope n'est plus un espace urbain distinctif dans les villes
         africaines. Beaucoup ont été convertis à d'autres usages, comme des églises
          et des hôpitaux. D'autres ont été démolis. Les spectateurs africains préfèrent
          d'autres méthodes de distribution des films, des vidéoclubs au Nigeria aux
          « cabanes de cinéma » en Afrique du Sud, pour des raisons de coût, de com-
          modité et de sécurité. Mais en leur temps, les bioscopes étaient un espace
          public diversifié, dynamique et souvent controversé dans la plupart des
          villes coloniales.


                   Cet article a tenté de donner un aperçu de l'histoire du bioscope
          en Afrique britannique. Son objectif est d'entamer un dialogue avec les spé-
          cialistes du cinéma et de l'urbanisation dans toutes les régions du monde
          colonial. Les spécialistes des régions abordées pourront, nous l'espérons,
          compliquer et clarifier les arguments avancés à propos des colonies britan-
          niques. Les chercheurs travaillant en Afrique francophone et lusophone
          pourront utiliser cet argument comme point de départ pour explorer la cul-
          ture cinématographique dans ces régions. Et les chercheurs travaillant dans
          le Pacifique, en Asie, aux Caraïbes  et dans d'autres anciens territoires co-
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          loniaux peuvent établir des parallèles avec l'histoire de ces espaces urbains
         dans d'autres régions. Les cinémas faisaient partie intégrante de presque
         toutes les grandes villes coloniales. Des recherches plus originales et des
         analyses comparatives sont nécessaires pour mettre en lumière leur histoire
          riche et importante.

            James Burns est professeur d'histoire africaine à l'Université de
            Clemson. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur l'Afrique et
            l'histoire des médias, dont Flickering Shadows : Cinema and
            Identity in Colonial Zimbabwe (Ohio University Press, 2002),
            Cinema and Society in the British Empire (Palgrave, 2013), et
            The Cambridge History of SubSaharan Africa (Cambridge, 2013).
          notes :
          Publié à l'origine sous le titre James Burns, « The African Bioscope-Movie House Culture in British
          Colonial Africa », dans Afrique & Histoire 5, no. 1 (2006) : 65-80.
          1. Ce récit de l'incendie est basé sur des documents du Colonial Office conservés au Public Records
          Office de Kew, et sur des comptes rendus de journaux publiés dans le Times of Lagos. Pour plus de
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