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Le Ministère des Colonies a souligné que l'événement ne stimule-
rait pas seulement l'intérêt pour les colonies au sein de la Grande-Bretagne,
mais qu'il démontrerait également ce soutien populaire en retour aux colo-
nies. « Les plans de développement colonial ne peuvent réussir », écrit-il,
« que s'ils reçoivent le soutien inconditionnel des peuples coloniaux ; et l'un
des obstacles à l'obtention de leur soutien est leur sentiment que les gens
de ce pays ne s'intéressent pas à eux et à leurs problèmes ». Stimuler l'intérêt
pour les affaires coloniales était, ajoute le Colonial Office, « d'une impor-
tance vitale à long terme si nous voulons maintenir l'unité de pensée et de
sentiment entre la Grande-Bretagne et les colonies, qui est essentielle à la
survie de l'Empire ». Une lettre du Colonial Office de février 1949 réitère
la double fonction du mois:
Il ne peut y avoir de meilleurs moyens de renforcer ces liens [entre la Grande-
Bretagne et les colonies] qu'en éveillant l'intérêt du public britannique et en
montrant ainsi aux populations coloniales que nous, dans ce pays, sommes réel-
lement concernés par leurs problèmes et leur développement .
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En renforçant ces liens, la mise en scène du Mois colonial espérait
convaincre le public britannique des avantages financiers du soutien au dé-
veloppement colonial. Le film du Mois des colonies illustrait ensuite ce
soutien aux publics africains. Le Ministère des Colonies pensait qu'ainsi,
les africains soutiendraient à leur tour les programmes de développement
colonial. Cela souligne à nouveau la nature paradoxale de ces films. Si le
Mois colonial semble révéler une identité impériale traditionnelle et régres-
sive dans une grande partie de sa structure et de son contenu, il était destiné
de manière détournée à promouvoir les programmes modernes d’« africa-
nisation » et à soutenir le travail des productions africaines de l'UFC.
Le Mois des colonies était centré sur une exposition dans Oxford
Street à Londres, qui avait pour but d'organiser, de connecter et de présenter
les colonies ensemble dans la ville. Tout en permettant aux visiteurs de « se
frayer un chemin le long d'un sentier de jungle réaliste » et de voir des mo-
dèles d'africains grandeur nature; l'exposition avait pour but premier de met-
tre en évidence la valeur économique des colonies à un moment où l'opinion
publique était de plus en plus opposée aux dépenses coloniales à grande
échelle. Colonial Month révèle comment les matières premières des colo-
nies sont utilisées en Grande-Bretagne. Le commentateur note ici « que
cette section de l'exposition est la plus importante. Elle montre très claire-
ment que la Grande-Bretagne et les colonies ont besoin les unes des autres
aujourd'hui plus que jamais ». Les colonies sont largement définies dans
l'exposition par leur valeur économique pour la Grande-Bretagne, généra-