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Tom Rice / L’unité du film colonial 133
imminents de la politique cinématographique. Présageant le travail des
écoles de formation cinématographique, les films montrent des dirigeants
britanniques formant des travailleurs et des artistes africains qualifiés, et
mettent en évidence les motivations économiques de la politique coloniale.
En représentant des événements et des visites organisées par le Ministère
des Colonies, ils envisagent également un rôle de plus en plus important
pour le cinéma dans l'administration coloniale. Ce rôle se concrétisera da-
vantage en 1950 lorsque, dans le cadre de la restructuration majeure de la
CFU, le contrôle total de l'unité passera de la Division des films du COI au
Colonial Office . Ce transfert au Colonial Office, proposé de longue date,
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a permis d'administrer plus étroitement la politique cinématographique dans
le cadre des attributions d'une organisation unique et centrale en Grande-
Bretagne. Paradoxalement, dans le même temps, le Colonial Office a fait
avancer son projet de décentralisation. La négociation entre une politique
centrale supervisée depuis Londres et le travail des gouvernements colo-
niaux locaux a été une caractéristique déterminante de ces dernières années
de règne colonial.
La formation des africains
Lorsque la Home Unit a fermé ses portes en 1949, elle comptait
trois employés. Deux d'entre eux sont des caméramans, Sydney Samuelson
et George Noble, qui sont immédiatement réaffectés dans les colonies, où
ils rejoignent les nouvelles unités cinématographiques du Nigeria et de la
Gold Coast. Ils sont chargés de travailler aux côtés des cinéastes locaux,
qui ont été formés dans la première « école d'instruction » de la CFU, créée
à Accra en septembre 1949. D'autres écoles de formation suivirent, en Ja-
maïque en 1950 et à Chypre en 1951, tandis que la CFU continuait égale-
ment à former des étudiants coloniaux à Londres . En décrivant le travail
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de la première école d'instruction à Accra, Colonial Cinema déclarait que
« l'un des objectifs à long terme de la Colonial Film Unit, et peut-être le
plus important, est la création d'une organisation dans chaque colonie pour
produire ses propres films 24 ». La création de ces écoles illustre ces dé-
marches visant à développer la production cinématographique locale, un
éloignement du travail de la Home Unit, mais leur organisation continue
par le biais de la CFU suggère que cela faisait toujours partie d'une politique
cinématographique centralisée.
Martin Rennals, l'un des six élèves à fréquenter l'école antil-
laise, a reconnu qu'il s'agissait d'un problème lorsqu'il a critiqué l'école pour