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Lors d'une récente conversation avec Sydney Samuelson et Sean Graham,
tous deux ont parlé indépendamment des problèmes qu'ils rencontraient
pour transmettre des informations officielles à des publics culturellement
différents, et ont reconnu l'importance du commentateur itinérant, souvent
non formé, qui traduisait le script anglais dans les différents dialectes lo-
caux. Sean Graham a noté comment les commentateurs locaux dévelop-
paient souvent leurs propres récits, s'éloignant du script et de la ligne
officielle. « J'étais consterné par la divergence entre ce qui était à l'écran et
ce qu'ils disaient », a-t-il déclaré. « Dans la plupart des cas, les projections
du film étaient inutiles », ajoute Samuelson, suggérant que les commenta-
teurs étaient souvent des « showmen », ajoutant leur propre interprétation
au film ou générant de la comédie en réagissant à l'action à l'écran . L'ex-
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position mobile de ces films s'est souvent déroulée sans présence euro-
péenne, et c'est peut-être ici que nous devons chercher à mieux comprendre
le développement de la culture cinématographique africaine, mais aussi,
par inadvertance, de cette voix africaine plus pleinement réalisée au sein
du cinéma. Le commentateur local peut alors fournir un exemple de pré-
sence africaine dans ce cinéma, l'émergence révélatrice d'une nouvelle voix,
parfois résistante à la pédagogie gouvernementale, à l'approche de l'indé-
pendance.
Tom Rice est maître de conférences en études cinématographiques à
l'Université de St Andrews. Il est l'auteur de White Robes, Silver Screens
: Movies and the Making of the Ku Klux Klan et Film for the Colonies :
Cinema and the Preservation of the British Empire.
notes:
Publié à l'origine sous le titre : Tom Rice, From the Inside : The Colonial Film Unit and « the Beginning
of the End », dans Film and the End of Empire, ed. Lee Grieveson et Colin MacCabe (Palgrave Mac-
millan, 2011) : 135-153.
1. La plupart des films mentionnés dans cet essai peuvent désormais être visionnés en ligne sur le site
« Colonial Film : Moving Images of the British Empire », www.colonialfilm.org.uk. Je tiens à remercier
Lee Grieveson pour son aide sur les premières versions de cet essai, ainsi que Colin MacCabe et
Emma Sandon. « Film Talk... African Outlets... Non-White Britons, West Africa, 24 janvier 1949, 59».
2. K. W. Blackburne, « Financial Problems and Future Policy in British Colonies », dans The Film in
Colonial Development : A Report of a Conference (Londres : BFI, 1948), 35.
3. John Grierson, «The Film and Primitive Peoples», dans The Film in Colonial Development, 13.
4. Tom Rice, «Colonial Film Unit », et «Colonial Film : Moving Images of the British Empire»,
www.colonialfilm.org.uk/production-company/colonial-film-unit. Pour une étude plus approfondie de
ce développement du cinéma, voir Rosaleen Smyth, «Images of Empires on Shifting Sands : The Colo-
nial Film Unit in West Africa in the Post-war Period », dans Film and the End of Empire, ed. Lee
Grieveson et Colin MacCabe (Palgrave Macmillan, 2011) : 155-175.
5. Le même mois où la CFU a lancé son école de formation à Accra, le ministère des Colonies a contacté
directement William Sellers, le chef de la CFU, pour demander que son unité filme la prochaine confé-
rence africaine à Londres. Il est demandé à la CFU de filmer les délégués en visite « à la fois lors des
débats officiels à Lancaster House et pendant leurs visites et excursions à Londres et dans les pro-
vinces ». La Colonial House explique que cette demande a pour but de « fournir une publicité appropriée
pour cette importante conférence dans les territoires coloniaux, en particulier en Afrique ». Lettre de