Page 131 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
P. 131

A cette période je n'empruntais jamais le métro. Je rejoignais

              souvent Gérald rue de Marignan pour assister pour la énième fois au
              spectacle de La Grande Eugène et nous terminions la soirée au
              restaurant Le Pichet, rue Pierre Charron avec toute l'équipe, ou en
              discothèque dans le quartier, et également au fameux Club 7 proche

              de la place de l’Opéra. Nous nous déplacions uniquement à pieds ou
              en taxi. C’est une époque où je baignais complètement dans le monde

              de la haute-couture et du spectacle.


                     Notre rituel dominical était le Casino de Paris où une amie se
              produisait dans la revue de Roland Petit avec Zizi Jeanmaire et son
              fameux « Truc en Plumes » ! Après le spectacle nous allions déguster

              les spécialités de sa Louisiane natale qu'elle nous cuisinait avec
              amour. Avec ce rituel dominical, nous connaissions parfaitement
              chaque tableau du spectacle, même les costumes dessinés par un

              jeune couturier très en vogue, Yves Saint-Laurent, sans oublier ceux
              dessinés par le célèbre Erté que j’avais découvert au Lac de Côme
              dans les livres de Luigi, et qui m'avait tant inspiré dans mes créations

              de dessins de tissus. Nous allions également régulièrement à
              l'Alcazar, où quelques amis se produisaient dans le spectacle
              présenté par Jean-Marie Rivière.  Un de mes amis, d’origine écossaise,

              danseur à l’Alcazar m’appréciait énormément, et vint le jour où il me
              présenta à la chanteuse Dani, très en vogue à cette époque. J’attendais
              un regard de sympathie de sa part qu’elle me rendit par une

              méchante réflexion en anglais, s’imaginant que je n’allais pas
              comprendre. J’étais vêtue de noir, et je portais un turban noir, avec

              les yeux maquillés « charbon » elle n’avait pas trouvé mieux que de
              faire une remarque sur un ton tellement méprisant que je ne
              l’oublierai jamais : « She looks like a witch ».  La méchanceté est
              comme un boomerang et c’est quelques décennies plus tard que

              j’allais m’en rendre compte, eh oui, il est facile de voir la paille dans
              l’œil de son prochain quand on ne voit pas la poutre dans le sien !!!


                     Il y avait également dans toutes nos relations, nos voisins de

              palier, Valérie et Tony, un couple  Jamaïcain, lui de couleur, elle
              blanche d'origine anglaise, ils évoluaient également dans le milieu du
              spectacle.



                                                                                                         130
   126   127   128   129   130   131   132   133   134   135   136