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A cette période je n'empruntais jamais le métro. Je rejoignais
souvent Gérald rue de Marignan pour assister pour la énième fois au
spectacle de La Grande Eugène et nous terminions la soirée au
restaurant Le Pichet, rue Pierre Charron avec toute l'équipe, ou en
discothèque dans le quartier, et également au fameux Club 7 proche
de la place de l’Opéra. Nous nous déplacions uniquement à pieds ou
en taxi. C’est une époque où je baignais complètement dans le monde
de la haute-couture et du spectacle.
Notre rituel dominical était le Casino de Paris où une amie se
produisait dans la revue de Roland Petit avec Zizi Jeanmaire et son
fameux « Truc en Plumes » ! Après le spectacle nous allions déguster
les spécialités de sa Louisiane natale qu'elle nous cuisinait avec
amour. Avec ce rituel dominical, nous connaissions parfaitement
chaque tableau du spectacle, même les costumes dessinés par un
jeune couturier très en vogue, Yves Saint-Laurent, sans oublier ceux
dessinés par le célèbre Erté que j’avais découvert au Lac de Côme
dans les livres de Luigi, et qui m'avait tant inspiré dans mes créations
de dessins de tissus. Nous allions également régulièrement à
l'Alcazar, où quelques amis se produisaient dans le spectacle
présenté par Jean-Marie Rivière. Un de mes amis, d’origine écossaise,
danseur à l’Alcazar m’appréciait énormément, et vint le jour où il me
présenta à la chanteuse Dani, très en vogue à cette époque. J’attendais
un regard de sympathie de sa part qu’elle me rendit par une
méchante réflexion en anglais, s’imaginant que je n’allais pas
comprendre. J’étais vêtue de noir, et je portais un turban noir, avec
les yeux maquillés « charbon » elle n’avait pas trouvé mieux que de
faire une remarque sur un ton tellement méprisant que je ne
l’oublierai jamais : « She looks like a witch ». La méchanceté est
comme un boomerang et c’est quelques décennies plus tard que
j’allais m’en rendre compte, eh oui, il est facile de voir la paille dans
l’œil de son prochain quand on ne voit pas la poutre dans le sien !!!
Il y avait également dans toutes nos relations, nos voisins de
palier, Valérie et Tony, un couple Jamaïcain, lui de couleur, elle
blanche d'origine anglaise, ils évoluaient également dans le milieu du
spectacle.
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