Page 192 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
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Il  me  tendit  une  coupe  de  champagne,  alors  que  nous  nous
              étions déjà bien servis au buffet dès notre arrivée dans la maison de
              couture. Je pense qu’il tenait à ce que je sois totalement décontractée,

              apte et spontanée à répondre à ces questions sans que je me rebelle.
              Mais  comment  pouvait-il  me  demander  ce  que  je  pensais  des

              prostituées  face  à  la  caméra,  alors  que  j’habitais  ce  quartier  des
              Halles,  rue  Tiquetonne  exactement,  perpendiculaire  à  la  rue  Saint-
              Denis  où  je  passais  quotidiennement !  C’est  ce  que  je  lui  fis

              remarquer  avec  ironie,  et  furieuse  de  cette  question  qui  m’était
              posée.  Le  journaliste  agacé,  me  tendit  à  nouveau  une  coupe  de
              champagne, pensant probablement me faire dire ce que je ne voulais

              pas. Comment aurais-je pu me faire violer dans un parking, comme il
              souhaitait que je l’e raconte face à la caméra, alors que j’étais censée
              représenter une jeune fille forte et autonome ? Je n’allais pas non plus

              lui  raconter  cette  horrible  mésaventure  arrivée  dans  un  bois
              quelques  années  auparavant  que  j’avais  tenté  d’enterrer
              définitivement. Choquée, je refusais de répondre à cette question, et

              la caméra tournait, ce qui me mit mal à l’aise. Il insistait et tentait de
              me  faire  boire  davantage  de  champagne,  mais  devant  mon  refus
              catégorique,  il  voyait  son  reportage  non  abouti.  C’est  alors  qu’il

              proposa une autre solution, me faire dire qu’une de mes amies, s’était
              faite  violer  dans  un  parking,  J’étais  écoeurée  de  cette  supercherie
              dans  laquelle  je  me  trouvais,  totalement  piégée,  d’autant  plus  pour

              raconter  des  mensonges  face  à  cette  caméra,  tout  cela  pour  un
              reportage  qui  passerait  à  une  heure  de  forte  audience.  Je  le  fis  à
              contrecoeur pourtant,  pour en terminer avec cette stupide interview,

              et nous quittions le studio, lui soulagé, moi contrariée.


                   À cette époque, je ne portais pas grand intérêt à la télévision, je
              sortais énormément et n’avais donc pas de téléviseur. Ma sœur qui
              regardait les informations le soir du reportage m’annonça par
              téléphone qu’il n’avait pas été diffusé.







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