Page 121 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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Je refusais finalement avec beaucoup de courtoisie cette proposition qui
n'avait rien de créatif, et bien que douée en dessin, je n'avais jamais tenté
l'expérience de dessiner des silhouettes rapidement. Il me laissa néanmoins
réfléchir à cette proposition que je me réservais en option et à laquelle je
n'allais pas donner suite.
Mon second choix se porta sur la maison Castillo, où le couturier me reçut
avec beaucoup de courtoisie, mes dessins l'intéressaient et nous devions
reparler ultérieurement d'un engagement dans cette maison. Mon hésitation
fut favorable, puisque la maison Castillo ferma quelque temps plus tard.
Arpentant toujours le même trottoir, je m'arrêtais chez un troisième
couturier dont on parlait beaucoup à cette époque, puisqu'il était l’un des
pionniers du prêt-à-porter, Louis Féraud. Le couturier me reçut avec gentillesse
et simplicité, il avait gardé une pointe d'accent qui sentait bon la Provence. Mon
dossier lui plut réellement et mes dessins de tissus l'intéressaient, alors il me fit
une proposition assez originale, puisqu'il avait également besoin d'une
secrétaire. Finalement j'acceptais sa double proposition, sachant que si je ne
faisais pas mes preuves en qualité de styliste, j'avais au moins l'opportunité
d’une issue de secours par le biais du secrétariat pour faire mon entrée dans
une maison de Haute-Couture.
J'étais folle de joie, et j'allais enfin faire mes premiers pas dans cet
univers très fermé de la haute-couture parisienne.
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