Page 200 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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Par ses nombreuses relations romaines, Claudio envisageait de me faire
              rentrer chez un grand couturier romain. Tout semblait parfait pour ma future
              installation dans cette magnifique capitale et je décidais de rentrer à Paris pour
              annoncer ma décision de quitter Paris.

                   De retour chez mon employeur, avenue Montaigne, l’ambiance me parut
              morose. C’est ainsi que je décidais d’annoncer mon intention de démissionner

              pour m’installer à Rome. Les deux « Guy » furent stupéfaits et déçus de cette
              nouvelle inattendue. Ce fut fait et j’adressais par la même occasion ma lettre de
              démission ...Un jeune homme allait bientôt me remplacer, il était loin de me
              plaire, xénophobe, condescendant et d’une totale antipathie, il était donc
              difficile de lui transmettre certaines directives. Mais peu importe, puisque
              j’allais quitter cette maison de couture parisienne dans laquelle j’avais tant de
              souvenirs drôles et agréables.

                   Avec mon caractère de passionnée, je préférais me consacrer à cette vie
              professionnelle que j’affectionnais, sans réfléchir à la façon dont j’allais
              envisager ce soudain changement dans ma vie. Encore moins en ce qui
              concernait la résiliation de mon logement. Quant à la décision à prendre pour
              toutes mes effets personnels, meubles, livres et autres objets que je possédais,
              cela m’était insupportable et me semblait relever d’un effort surhumain. Je ne
              me voyais pas les emporter à Rome et je n’arrivais pas à m’organiser, tel un
              mur dressé devant moi.

                   C’est le directeur artistique de la maison Laroche, M. Douvier qui me fit
              part de son désarroi et ce départ allait énormément lui manquer d’autant plus
              que j’étais devenue l’élément indispensable aux collections qu’il réalisait. J’en
              fus flattée mais je me réservais de le garder pour moi.


                   Ce fut pourtant la veille de mon départ que je trouvais M. Laroche
              décontracté, souriant il s’assis sur la table du hall de réception, ce qui n’était
              pas dans ses habitudes. Il m’appela « ma cocotte » pour m’annoncer lui aussi sa
              déception de me voir quitter la maison de couture. Il était sincère et me toucha
              réellement. Je ne savais quoi lui répondre, et lui offrant un grand sourire et
              après quelques hésitations je me précipitais dans le bureau du directeur
              général en lui expliquant que les deux « Guys » déçus de ma démission, ne
              souhaitaient pas me voir quitter la maison. Il m’écoutait attentivement et je lui
              annonçais mon accord pour continuer une collaboration avec les deux « Guy »
              sous condition de doubler mon salaire. Ce qui me fut accordé bien entendu.


                   Cette nouvelle allait améliorer mon quotidien, j’en conclus que je n’étais
              pas prête pour Rome malgré la déception de Claudio et Julio, je restais à Paris,
              me comportant en terrain conquis avenue Montaigne, grâce à cette généreuse
              promotion qui venait de m'être offerte

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