Page 203 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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Cette remarque intentionnelle avait dépassé les bornes, alors excédée, et
profitant de ce flagrant délit, je lui administrais une bonne paire de gifles
mémorables à grand renfort de coups de pied dans les rotules. Je ne pouvais
plus me contrôler et je n’avais qu’une seule envie, lui arracher les cheveux et
les yeux.
Je finis par me contenir et me rendis au bureau du directeur général, et
après avoir héroïquement réussi à faire doubler mon salaire, je demandais à
rompre mon contrat immédiatement, pour éviter tout esclandre futur.
Le directeur général resta stupéfait, d’autant plus qu’il n’était pas seul
dans son bureau et que je l’avais de manière totalement incorrecte, dérangé en
plein rendez-vous, sans prendre la peine de m’excuser.
Contrariée et énervée, je passais voir la comptable pour régler ma
situation administrative et quittais la maison de couture Guy Laroche Avenue
Montaigne, oubliant de faire mes adieux aux deux « Guy » et oubliant au
passage de m’asperger de ce merveilleux parfum « Fidji ».
Je venais finalement de m’infliger la pire des punitions, en me défoulant
sur ce personnage antipathique, au lieu de patienter, puisque peu de temps
après il fut renvoyé. Ce départ sur une réaction colérique de ma part, j’allais le
regretter amèrement pendant plusieurs années, j’aurais pu y retourner et
négocier mon retour, mais l’histoire se déroula ainsi et ne peut se réécrire.
Après cette ascension fulgurante en quelques années, le piédestal sur
lequel je m’étais dignement installée pour régner avec brio, venait subitement
de s’effondrer et je ne savais pas encore que je venais de consumer les plus
belles années de cette jeunesse insouciante, auxquelles je venais subitement de
mettre un terme…
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