Page 202 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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ADIEU L’AVENUE MONTAIGNE






                   Malgré cette décision de rester à Paris, je me rendais toujours aussi
              régulièrement à Rome dès que je le pouvais. Quant à M. Laroche, il souhaitait
              me réserver les mêmes responsabilités et n’avait donc accordé aucune
              attention à mon « ex-futur remplaçant » qui, malgré ma décision de rompre ma
              démission, avait eu la chance d’être engagé. Ce qui n’allait pas être sans

              conséquence, puisque je lui faisais ombrage, de toute évidence.

                   Ce garçon, tellement désagréable, xénophobe, hypocrite et totalement
              antipathique à mon égard, ne semblait pas trouver ses marques dans la maison,
              et allait bientôt me le faire payer très cher, malgré ma gentillesse spontanée et
              naturelle à son égard, tentant également quelques tentatives de conciliation.
              Nombre de fois où M. Laroche m’appelait pour collaborer aux collections de
              haute-couture, et dès mon retour au studio, je constatais l’eau renversée sur la
              peinture de dessins que j’avais préalablement réalisés et terminés. Ou encore
              les poils de mes pinceaux coupés à la base, et j’en passe…  Ses blagues étaient
              du plus mauvais goût, sans oublier son constant dénigrement à mon égard. Je
              ne souhaitais pas entrer en conflit, disons plutôt que je ne l’avais jamais pris en
              flagrant délit. Il m’était donc difficile de réagir. Je restais donc forte et même
              impassible, attendant l’occasion propice. Elle se présenta.

                    J’avais été absente pour raison de santé, durant toute une semaine. Je me
              présentais chez mon employeur la semaine suivante, pas tout à fait rétablie,

              après cet arrêt maladie. Comme de coutume, je passais par la boutique
              m’aspergeant de ce merveilleux parfum Fidji, avant d’emprunter l’ascenseur.
              C’est là que se déroula la scène qui allait précipiter mon départ définitif de la
              maison de couture qui m’avait tant adulée pendant quelques années.

                   Ce nouveau collaborateur qui aurait dû me remplacer, eut une désagréable
              réflexion à voix haute, méchante et ironique à mon égard, dès qu’il m’aperçut,
              fortement déçu de mon retour.








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