Page 208 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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LA MAUVAISE RENCONTRE
Nos retrouvailles étaient fréquentes et allaient finalement se concrétiser.
Il se prénommait « Bruno » installé à Paris pour suivre des études de
littérature. Il me parlait souvent de son Italie natale et de ses parents,
notamment sa mère qui vivait à Milan brillante et grande danseuse classique. Je
n’avais même pas cherché le moindre renseignement à ce sujet.
Il était irrésistible mais je ne pouvais imaginer que je venais de tomber sur
la rencontre fatale qui allait changer à jamais le cours de ma vie.
Tout ce que je connaissais de lui n’était qu’un tissu de mensonges, d’autant
plus qu’il se confortait en permanence dans un rôle de victime, et bien que très
intuitive, je mis du temps à accepter l’évidence, on dit que l’amour rend
aveugle, je le confirme ! Son charme opérait avec efficacité, autant sur moi que
sur mes amis et je ne cherchais même pas à faire quelques investigations à son
sujet, parce que cette nouvelle situation semblait très confortable.
Progressivement la situation se dégrada, il y avait trop d’incohérences
dans ses propos mais également dans son comportement. Un jour, je découvris
qu’il avait fait un double des clés de l’appartement alors qu’il en possédait un
trousseau. Je m’empressais de les récupérer et de le mettre devant le fait
accompli, toutefois en évitant une situation conflictuelle. Je fis également la
découverte de son passeport qu’il avait pris soin de camoufler soigneusement
dans un tiroir, et à ma grande surprise je découvris qu’il n’avait rien d’Italien,
puisqu’il était Tunisien, de plus en situation irrégulière, et s’il donnait l’image
d’une perle rare auprès de mes amis, la réalité était de plus en plus différente
dans l’intimité. Très vite je souhaitais mettre un terme à cette relation toxique,
parce que ses mensonges m’avaient totalement bouleversée. Mes amis
m’imaginaient capricieuse devant mon désir de rupture, et s’évertuaient avec
insistance et en toute bonne foi, à une tentative de conciliation, pensant que je
commettais une grave erreur, devant son désarroi et cette image lisse qu’il
s’était composé, remplie d’innocence et de gentillesse. Tout cela allait se
confirmer bien plus tard parce qu’il vivait dans une parfaite mise en scène en
façade, alors que derrière le rideau, dans les coulisses, tout n’était que sordide
réalité.
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