Page 211 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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LA DÉCISION RADICALE
Arrivée au huitième mois de grossesse mon statut de nomade précaire
s’améliora. Ma famille ignorait tout de cette situation que j’avais pris soins de
leur cacher, mais soucieux de mon bien être, ils décidèrent de m’apporter une
aide financière et me louer un studio que j’avais trouvé près de la Place
Daumesnil proche du bois de Vincennes dans le douzième arrondissement de
Paris. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, après de nombreuses et
infructueuses démarches pour trouver une maternité, et vu l’état avancé de ma
grossesse, je fus acceptée à la maternité de l’hôpital Saint-Antoine, situé
également dans cet arrondissement.
Mes parents restèrent auprès de moi plusieurs semaines après la
naissance de ma jolie petite fille qui s’annonça avec deux semaines de retard
sur le calendrier prévu. J’étais comblée. J’eus la visite de quelques amis. Je
tentais d’effacer tous les malheurs de cette rencontre toxique. Ma vie allait
changer avec un nouveau départ positif.
C’est pourtant lorsque mes parents me quittèrent, il se manifesta avec
insistance. Il devait être aux aguets et me surveiller indirectement. J’étais
fermement décidée à lui mentir au sujet de notre enfant, imaginant une mise en
scène plus ou moins tragique, dans le but de l’éradiquer définitivement de ma
vie, mais il s’était évidemment renseigné auprès de quelques amis communs, et
connaissait la vérité, sur la naissance de notre fille.
A force de harcèlements et de conviction insistante, j‘acceptais quelque
peu contrariée, de lui accorder une brève visite à notre fille, et lui ouvris la
porte sans grand enthousiasme. Cet acte de générosité de ma part, allait
m’apporter de nouveaux ennuis, d’autant plus que par sa situation irrégulière il
se retrouvait en état de quitter le territoire français. J’aurais sincèrement pu me
réjouir de cette nouvelle, paradoxalement je m’inquiétais pour l’avenir de ma
petite fille, et il savait se montrer convainquant.
Je pris alors une décision radicale, grâce à quelques relations bien placées,
de lui obtenir une prolongation de séjour, lui suggérant soit de m’effacer de sa
vie et en contrepartie il pourrait voir sa fille régulièrement, soit construire une
vie familiale stable et sérieuse, sachant que cela relevait de l’utopie totale, je
m’efforçais d’y croire, ne serait-ce que dans l’intérêt de notre fille.
Il choisit cette seconde proposition, heureux d’un nouvel avenir concret qui se
profilait à l’horizon.
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