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LA DÉCISION RADICALE





                        Arrivée au huitième mois de grossesse mon statut de nomade précaire
              s’améliora. Ma famille ignorait tout de cette situation que j’avais pris soins de
              leur cacher, mais soucieux de mon bien être, ils décidèrent de m’apporter une
              aide financière et me louer un studio que j’avais trouvé près de la Place
              Daumesnil proche du bois de Vincennes dans le douzième arrondissement de
              Paris. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, après de nombreuses et
              infructueuses démarches pour trouver une maternité, et vu l’état avancé de ma
              grossesse, je fus acceptée à la maternité de l’hôpital Saint-Antoine, situé
              également dans cet arrondissement.

                         Mes parents restèrent auprès de moi plusieurs semaines après la
              naissance de ma jolie petite fille qui s’annonça avec deux semaines de retard
              sur le calendrier prévu. J’étais comblée. J’eus la visite de quelques amis. Je
              tentais d’effacer tous les malheurs de cette rencontre toxique. Ma vie allait

              changer avec un nouveau départ positif.

                        C’est pourtant lorsque mes parents me quittèrent, il se manifesta avec
              insistance. Il devait être aux aguets et me surveiller indirectement. J’étais
              fermement décidée à lui mentir au sujet de notre enfant, imaginant une mise en
              scène plus ou moins tragique, dans le but de l’éradiquer définitivement de ma
              vie, mais il s’était évidemment renseigné auprès de quelques amis communs, et
              connaissait la vérité, sur la naissance de notre fille.

                        A force de harcèlements et de conviction insistante, j‘acceptais quelque
              peu contrariée, de lui accorder une brève visite à notre fille, et lui ouvris la
              porte sans grand enthousiasme. Cet acte de générosité de ma part, allait
              m’apporter de nouveaux ennuis, d’autant plus que par sa situation irrégulière il
              se retrouvait en état de quitter le territoire français. J’aurais sincèrement pu me
              réjouir de cette nouvelle, paradoxalement je m’inquiétais pour l’avenir de ma
              petite fille, et il savait se montrer convainquant.


                       Je pris alors une décision radicale, grâce à quelques relations bien placées,
              de lui obtenir une prolongation de séjour, lui suggérant soit de m’effacer de sa
              vie et en contrepartie il pourrait voir sa fille régulièrement, soit construire une
              vie familiale stable et sérieuse, sachant que cela relevait de l’utopie totale, je
              m’efforçais d’y croire, ne serait-ce que dans l’intérêt de notre fille.
              Il choisit cette seconde proposition, heureux d’un nouvel avenir concret qui se
              profilait à l’horizon.



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