Page 214 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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LA PAIRE DE GIFLES
J’avais bien tenté de retrouver un job dans la mode, mais cela semblait
incompatible avec mes nouvelles responsabilités familiales, alors je continuais
les missions intérimaires, en attendant une meilleure opportunité.
Une mission chez HACHETTE m’avait été attribuée, depuis quelques
semaines, et plus si affinités, avec une équipe tellement sympathique que je
souhaitais oublier le domaine de la mode et me faire engager définitivement
dans le domaine littéraire. Le responsable du service m’appréciait énormément
et me mit en garde au cas où j’accepterais cette solution, par rapport au
Directeur des Ressources Humaines. A l’évidence si celui-ci me proposait un
emploi stable et définitif, il y avait une contribution en contrepartie. Je devinais
où il voulait en venir, alors je restais plutôt réservée en attendant la fin de cette
mission prévue la semaine suivante.
Le DRH ne se fit pas attendre, il me convoqua dans son bureau, et déjà je
l’appréhendais. Il prit un ton obséquieux, pour faire face à la réalité de ma
situation familiale précaire, en l’occurrence une jeune femme seule avec un
enfant en bas âge, qui évidemment cherchait nécessairement une sécurité
d’emploi. Il me frôla la main tout en complimentant ma tenue vestimentaire, et
je comprenais que son comportement et ses propos stériles lui servaient
d’introduction pour arriver au but qu’il s’était fixé, et il me proposa le job très
convoité, un poste très intéressant, contre une sortie au restaurant, qui
évidemment se soldait par un week-end prolongé. Amère, je restais néanmoins
courtoise et souriante, prétextant mes obligations familiales prioritaires. Il en
resta là, et je m’imaginais tirée d’affaires de cette situation embarrassante, sauf
pour le job qui venait de me passer sous le nez.
J’arrivais le lundi matin, dernière semaine de cette mission intérimaire et
j’empruntai l’ascenseur pour me rendre dans le service concerné. Par
malchance, il arriva de justesse derrière moi et emprunta le même ascenseur.
Nous étions tous les deux, la porte se referma, et, pas très à l’aise j’affichais un
sourire hypocrite et méfiant. Soudain il se précipita sur moi pour tenter
rageusement de m’embrasser avec insistance. Réactive, je lui administrais une
paire de gifles magistrales, juste avant que la porte ne s’ouvre. Il s’en échappa
bredouille, probablement honteux de cet acte inassouvi.
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