Page 218 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
P. 218

MODE ET ARISTOCRATIE







                        Lorsque je fus convoquée pour rencontrer mon futur employeur, j’étais
              loin d’imaginer le lieu dans lequel j‘allais me rendre pour cet entretien, et où
              j’allais évoluer par la suite.,

                   C’était un dimanche après-midi et quelle ne fut pas ma surprise de
              débarquer dans un hôtel particulier où tant de personnalités aristocratiques,
              politiques ou artistiques étaient passées bien avant mon arrivée. J’accédais au
              perron pour m’engager dans le vaste hall d’entrée puis emprunter un grand
              escalier à balustrade en fer forgé et atterrir sur le palier qui faisait office de
              salle d’attente. A peine arrivée, une porte s’ouvrit sur une grande pièce tapissée
              de soie brochée vert empire, qui servait de bureau avec sa grande bibliothèque
              de bois précieux. Un immense tableau représentait Louis XVIII. Dans ce décor
              d’époque, j’avais l’impression de débarquer dans une annexe du château de
              Fontainebleau, face aux personnes assises qui m’attendaient pour cette
              rencontre professionnelle. J’étais très intimidée et réservée.


                      Je le fus encore plus par la créatrice dont j’allais devenir la collaboratrice.
              Il s’agissait de la Comtesse de Ribes, Vicomtesse à cette époque. J’avoue qu’elle
              m’impressionnait, ce qui n’allait pas durer par la suite. Elle avait une grâce et
              une élégance naturelle, tant par son allure que par son éloquence. J’appris par
              la suite, qu’elle venait d’être élue, « femme la plus élégante du monde », par le
              magazine « Town & Country ». Elle était issue d’une grande famille de la
              noblesse française et anglaise. Elle était physiquement un mélange entre la
              Callas et Audrey Hepburn, coiffée d’ailleurs du même chignon que la
              comédienne. Elle était grande et longiligne, avec un port altier, digne de
              Néfertiti. J’étais éblouie non seulement par le personnage, mais également par
              les modèles de robes qu’elle me présenta, de la véritable Haute-Couture dans
              des matières nobles et réalisés avec un goût et une élégance extrême, reflet de
              sa personnalité. J’étais enchantée.

                     Elle me posa de nombreuses questions, et voulut conclure par une
              dernière à laquelle je ne souhaitais pas répondre, concernant l’énumération de
              mes défauts et qualités. Je n’étais sincèrement pas assez narcissique pour

              dresser une liste de mes qualités, encore moins celle des défauts, sachant que
              tout cela dépendrait de nos futurs rapports respectifs.



                                                                                                         217
   213   214   215   216   217   218   219   220   221   222   223