Page 261 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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LA VIE APRES JACQUELINE DE RIBES
Avec cette expérience faite d’une entière autonomie chez Jacqueline de
Ribes, j’imaginais difficile ma prochaine réinsertion dans la vie active.
Puis, il y eut ce job concernant la production et le contrôle de qualité d’un
prêt-à-porter branché et commercial, que j’effectuais entre Paris et New Delhi.
Je n’avais pas à me plaindre, logée dans le célébrissime Palace de la capitale,
Imperial Hôtel, qui dégageait une atmosphère pré et post coloniale, tout aussi
émouvante qu’impressionnante, avec le passage de personnages historiques,
tels que Lord Mountbatten ou encore le Mahatma Gandhi, durant la période de
négociations pour l’Indépendance de l’Inde. Chaque jour, il y avait cette
limousine avec chauffeur qui m’attendait devant l’entrée du palace pour
m’accompagner, aller et retour, à l’unité de production, où j’étais saluée, tel un
grand général, par le personnel de sécurité. Paradoxalement, je n’avais pas
supporté le luxe dans lequel j’évoluais, en contraste avec la réalité, parfois
moyenâgeuse de la vie des plus démunis qui m’avait énormément choquée.
J’avais pourtant posé des questions mais les réponses fournies par les cadres
de l’unité de production leur semblaient logiques. De plus il était convenu que
j’effectuerai ce job, à raison d’un déplacement deux fois par an en Inde pour
une période de deux à trois semaines, mais de retour à Paris, mon employeur
souhaitait ma présence imminente à New Delhi. Avec ma fille adolescente à
l’époque cette situation s’avérait compliquée. Je quittai finalement ce job avec
un certain regret de cette opportunité d’avoir eu la chance de visiter des lieux
tels que le Fort Rouge ou la Mosquée du Vendredi à New Delhi, sans oublier le
Fort d’Akbar à Fathepur-Sikri, et passage obligé à Agra pour admirer le
célébrissime Taj Mahal, à la sublime architecture.
J’allais finalement bientôt retrouver cette chère rue du Faubourg Saint-
Honoré, où j’avais acquis un poste d’assistante de direction, pour un groupe
japonais récents propriétaires de la maison de Haute Couture de Serge Lepage.
J’avoue avoir une grande facilité d’adaptation, mais avec les Japonais il fallait
redoubler d’une certaine forme de psychologie et de patience, sans vouloir les
offenser évidemment puisqu’ils faisaient preuve d’une grande conscience
professionnelle, mais ne travailler qu’avec des personnes d’une culture
totalement différente, cela me renvoyait pratiquement à un poste d’assistante
sociale. Je résistais une année avant de démissionner.
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