Page 259 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
P. 259

ÉPILOGUE





                        Ce licenciement économique fut transformé en année sabbatique à
              consacrer entièrement à ma petite fille qui avait besoin de ma présence
              maternelle après toute ces années d’absence réservées à une vie
              professionnelle intense. Au lieu de me rouler dans la soie et la mousseline, je
              mitonnais de bons plats chaque jour au déjeuner après l’avoir désinscrite de la
              cantine. Je dus également mettre ses vaccins à jours. Chaque mercredi, lui était

              entièrement consacré par des séances de cinéma, visites de musées, jardins,
              restaurants, oubliant toutes propositions professionnelles annoncées.

                        La seule chose qui me rattachait à cette mésaventure, se passa devant les
              prud’hommes, avec quatre avocats pour la partie adverse, mais cela ne
              m’impressionna pas, j’étais en position de force, et il y eut appel.

                        Une année s’était écoulée, avant de mettre enfin un terme à cette histoire.
              Madame Piot n’avait rien trouvé d’autre pour argumenter ce licenciement, que
              la création d’une nouvelle ligne légèrement plus « bas de gamme ». Je me
              défendais en justifiant que si les prix de revient différaient quelques peu,
              l’organisation du travail était identique, quant aux matières employées, elles
              provenaient des mêmes fournisseurs. La société était alors en redressement
              judiciaire, mais je gagnais ce procès avec une belle indemnité compensatoire,
              tout en regrettant pourtant de ne pouvoir justifier légalement de mes heures
              supplémentaires, n’ayant pu apporter aucun témoignage autre que celui de
              mon conjoint et de la nourrice.

                        Quant à moi, j’avais repris mes activités professionnelles dans le domaine
              de la mode et du luxe, mais dans une société qui misait sur le commercial.

                        Peu de temps après, la Vicomtesse me téléphona, pour m’annoncer qu’elle

              regrettait la période de nos belles robes et « famous top-models » et qu’il était
              dommage de l’avoir marquée au rouge aux Assedic. Elle m’apprit également
              qu’elle s’était séparée de Madame Piot, qui en fin de compte n’avait pas réussi à
              placer ses quelques relations aux postes stratégiques si convoités, ou avaient
              renoncé en démissionnant.






                                                                                                         258
   254   255   256   257   258   259   260   261   262   263   264