Page 262 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
P. 262

Par la suite, une proposition de poste dans le Sentier que j’avais boudé
              jusqu’alors, pour un produit plutôt haut de gamme que l’on retrouvait dans les
              boutiques luxueuses de la rue du Faubourg Saint-Honoré, ainsi qu’un corner

              aux Galeries Lafayette. J’acceptais finalement ce poste pour m’occuper de la
              production et des contrôles de qualité. L’ambiance était bon enfant et plutôt
              familiale, mais deux années passèrent et bientôt la Guerre du Golfe eu raison de
              tous ces fabricants de prêt-à-porter de luxe du Sentier, qui allaient peu de
              temps après fermer boutique, et laisser envahir ce quartier historique par la
              vague de fabricants asiatiques bas de gamme.

                        C’est à cette époque que ma vie active prit un nouveau tournant, puisque
              je renonçais à la mode pour ouvrir un petit restaurant, en collaboration avec
              ma sœur. J’avais l’habitude des belles matières aux couleurs chatoyantes, et je
              les retrouvais finalement dans les produits et les épices que j’utilisais dans
              l’élaboration des recettes.
              Adeptes totales du bien-manger, ma soeur avait elle, l’habitude et le sens de
              l’accueil. Quant à moi, je souhaitais élaborer une cuisine en totale contradiction
              avec les nombreux fast-food qui pullulaient dans la capitale.

                        Ce petit restaurant, proche de la rue Blanche, des Théâtres et de la Place
              Saint-Georges, était devenu un lieu très tendance et précurseur du bien-manger
              « fait maison », j’avais d’ailleurs remis au goût du jour les soupes et autres
              potages devenus « has been » depuis quelques années, et depuis, de nombreux
              bars à soupes allaient bientôt s’ouvrir à Paris.


                        Notre clientèle nous ressemblait finalement et nous avions fait l’objet de
              nombreux articles de presse.


                        Nous étions ouverts uniquement à l’heure du déjeuner et l’on retrouvait
              fréquemment les journalistes de Arte, le Directeur et le personnel de l’école de
              Théâtre de la rue Blanche, le personnel des Musées de La Vie Romantique ou
              Gustave Moreau, une certaine catégorie du personnel créatif des Galeries
              Lafayette, le milieu de la musique ou le personnel de la publicité et des
              assurances.







                                                                                                         261
   257   258   259   260   261   262   263   264   265