Page 257 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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LA GIFLE DE TROP





                        C’était une période de collection, intense, pour ne pas changer, et la
              première d’atelier Jacqueline, avait réalisé une robe du soir pas encore passée
              en essayage. La vicomtesse débarqua dans le studio, stressée, expliquant que
              Jacqueline devait impérativement stopper ce modèle en cours pour passer à un
              autre qu’elle souhaitait voir réaliser en urgence, spécifiant qu’il serait en crêpe
              envers satin de chez Abraham et dans un coloris bleu Majorelle. Je faisais

              l’intermédiaire au téléphone entre mon employeur qui donnait les ordres, et la
              technicienne qui ronchonnait, furieuse de devoir interrompre ce travail
              inachevé pour entreprendre ce caprice inattendu. J’insistai au téléphone et la
              première d’atelier furieuse sur le point de m’injurier accepta finalement.

                         Tout était rentré dans l’ordre pour moi, l’affaire était close sauf que je ne
              pouvais prévoir ce qui allait arriver par la suite et précipiter mon départ.

                        C’était le lendemain, en début d’après-midi, la Vicomtesse débarqua au
              studio, et se présentant à mon bureau, m’expliqua qu’elle avait eu un rêve dans
              la nuit qui soudainement lui avait fait changer d’avis pour la robe commandée
              la veille en bleu Majorelle qu’elle aimerait finalement faire réaliser en vert
              émeraude. Je tentais de lui expliquer qu’elle avait donné ordre de la faire
              réaliser en bleu, et que cette nouvelle décision arrivait trop tard, rien n’y faisait,
              il lui fallait impérativement ce modèle en vert émeraude. Je pris le combiné
              téléphonique pour appeler Jacqueline, la première d’atelier encore plus
              furieuse que la veille. Elle me hurlait dans l’oreille, pendant que mon
              employeur en faisait autant dans l’autre oreille. Je ne savais plus à quel saint me
              vouer, me retrouvant entre le marteau et l’enclume, avec deux furies, se
              déchaînant verbalement sur moi. Je tentais de garder mon calme, et pour me
              soulager je me levais pour prendre un stylo dans mon sac à mains situé
              derrière moi sur la cheminée, tout en me réjouissant de faire remarquer à la

              Vicomtesse, sur un ton agacé, qu’il était préférable de prendre du Tranxène afin
              de garder son self-control lorsqu’on collaborait avec elle. Furieuse et vexée, elle
              déversa sa rage en m’administrant une belle gifle, et me serra fortement les
              poignets à en devenir bleu de peur d’une réplique de ma part. Je n’allais
              évidemment pas lui administrer en retour cet acte qu’elle venait de m’infliger
              suite à son accès de colère hystérique.





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