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rien. Quand je peins, je ne me demande pas si le tableau va plaire ou pas ; j’ai quelque chose à
exorciser, je l'exorcise, un point c'est tout.
Les personnages qui m’ont marquée
Les personnages importants qui ont marqué l'histoire, ancienne ou contemporaine, que
j’admire le plus sont le Général de Gaulle, un des hommes d'Etat extraordinaire sur le plan
privé comme sur le plan public, un homme très droit comme il y en a peu, qui m'a
impressionnée dès mon adolescence. Napoléon et son histoire me fascine pour tout ce qu'il
représente, l'envergure du personnage, son parcours, ses réalisations, son génie militaire,
malgré tout ce qu'on a pu lui reprocher. Aussi loin que l'on remonte, ces grands hommes de
pouvoir ont tous à mon avis un côté obscur. Dans les années 70, j'ai suivi avec passion
l'ascension de Golda Meir, une des trois premières femmes à avoir atteint un degré de
responsabilité aussi élevé que celui de chef d’état. J’ai énormément aimé Une femme nommée
Golda (A Woman Called Golda) téléfilm américain réalisé par Alan Gibson, sorti en 1982. Ce
merveilleux film biographique sur Golda Meir, incarnée par l’extraordinaire Ingrid Bergman,
fut le dernier de l'actrice, qui mourut quatre mois après sa diffusion.
Des regrets ?
Ai-je des regrets ? Oui, un seul : celui de ne pas avoir eu une famille aimante, unie et
participative ; je regrette de ne pas avoir été comprise, épaulée, tout en sachant pertinemment
que mon entourage ne disposait pas des moyens pour comprendre l’entité étrange que je
représentais pour eux. Mais globalement, je ne suis pas une personne qui éprouve des regrets.
Ce qui est fait est fait et n’est plus à faire. De toute façon, nous ne pouvons pas revenir en
arrière. Dans les rapports humains, une fois que quelque chose s’est brisé, en amour, en amitié
ou dans le cercle familial, qu’on le veuille ou non, il reste des stigmates indélébiles. La
distance, la séparation alors s’imposent, seules solutions pour pouvoir avancer encore et
toujours librement, sans jugement qui, sinon, vous parasite l’existence. On peut recoller les
morceaux mais il restera toujours la fissure. C'est comme planter un clou dans un morceau de
bois : si on enlève le clou, il en restera toujours la trace.
Le mot de la fin
J’estime qu'au moment de notre conception, la vie nous est prêtée. Quelle que soit la manière
dont elle se déroule, et le temps qui nous est dévolu sur terre, dans le bien comme dans le mal,
nous n'en sommes pas les maîtres absolus.
N'oublions pas que sur cette merveilleuse, extraordinaire et si belle planète vue d’en haut,
malgré toutes les bonnes volontés qui pensent pouvoir changer l’humanité… tellement d'êtres
souffrent de faim, de soif, d'enfermement, de soumission, d'oppression individuelle ou
étatique. Ces millions d'êtres ne seront pour la plupart jamais libérés ni sauvés, mais toujours
incarcérés, prisonniers de quelqu'un, de quelque chose ou d'eux-mêmes !
Mon parcours, je ne l'ai pas décidé : il s'est imposé à moi comme une malédiction mêlée de
bénédictions. Je n’en gémis pas, ne le regrette pas, ne lui en veux pas. Il m'a nourri l'âme, le
corps et l'esprit ; je lui en suis reconnaissante malgré tout, malgré moi. M’étant détachée de
toute contingence et astreinte physique et matérielle, j’estime que c’est le plus grand et le plus
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