Page 155 - La pratique spirituelle
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et de remonter à son essence. Si ce yoga dans l’esprit n’est Auriez-vous des précisions sur le lien entre le souffle d’ordre res-
pas possible, car trop abstrait, des instruments plus concrets piratoire et le souffle dont on parle ici ?
ont été développés, tournant l’attention vers le corps, avant Le souffle ne se limite pas au corps. Il est conscience en
de pouvoir la retourner vers ce qui est attentif au corps. mouvement. L’univers tout entier est son émanation.
L’attention, perdue dans les sphères lointaines, revient ainsi *
aux perceptions immédiates, et se rapproche d’elle-même. * *
Lorsque le souffle se répand dans le corps, ce que l’on ressent est- Le corps et les énergies qui s’y rattachent semblent plus denses,
il le corps dit d’énergie ? moins subtiles. Dans un texte sur le souffle, vous dites : « Le
Le corps d’énergie est ce qui s’éveille lorsque l’intention souffle est ainsi le miroir de la conscience. Il ramène l’esprit au
silence dont il est issu. » Dans votre approche, s’agit-il d’une
égotique, exprimée sous forme de tensions et défenses, quitte conjugaison des voies, se fondant en une seule ?
le corps, le laissant dans sa sensibilité originelle, avant que Toute perception est une opportunité de retourner à la
l’intention et la saisie ne viennent l’encombrer. La sensation de conscience qui en est la source. Le silence qui sépare la fin de
la main, libérée de son réflexe de saisie, devient espace, vibra- l’expiration du début de l’inspiration suivante est un dévoile-
tion. Et il en est ainsi de toutes les parties du corps. Le souffle ment du Soi.
participe à cet éveil en brisant la frontière entre le dedans et
le dehors, intégrant le corps et l’espace alentour dans une
inaliénable unité. C’est cette unité qui se cherche, qui vous
cherche. Unité de la conscience et de la sensation. Unité de la
conscience sans la sensation.
Quel lien faites-vous entre le souffle et l’écoute ?
Le souffle est objet dans l’écoute.
Le souffle est-il simplement une émanation agissante de l’écoute ?
On peut le dire ainsi, car il est indissociable de la
conscience qui le perçoit.
Ce qui impliquerait donc que sans écoute, point de souffle ?
Dans votre expérience directe, s’il n’y a pas de conscience
du souffle, il n’entre pas dans le champ du perçu. Le reste n’est
que spéculation.
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