Page 219 - La pratique spirituelle
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comme un quelqu’un explorant quelque chose, mais ont leur utilité, que ce point soit le souffle, le son ou la sensa-
comme l’unique présence qui coiffe l’ensemble du perçu. tion. La relation sujet-objet est toutefois maintenue, et donc le
Il n’y a alors ni effort, ni tension. Le corps est détendu sentiment de séparation. Tôt ou tard, la nécessité survient de
dans l’écoute qui le contient. Il est réceptif, habité par questionner la nature du témoin. C’est ce questionnement qui
une attention qui le rend sensible, vibrant et fonction- ramène l’attention vers ce qui est attentif, et la libère ainsi de
nel. Il y a simultanément présence au présent, et pré- l’objet d’attention.
sence libre du présent. »
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La différence entre tension, concentration, attention et relâche-
ment, n’est pas très claire pour moi. Comment savoir si je n’expéri-
mente pas cet état attention/relâchement/écoute globale, de temps
en temps. J’ai besoin d’un repère, car j’ai l’impression de chercher
effectivement une perception que je ne peux percevoir (le Soi),
alors que si cela se trouve, cet état m’est familier et je ne le sais pas.
Voyez, avec lucidité, ce que l’attention pure n’est pas. Elle
n’est pas distraction, elle n’est pas saisie, elle n’est pas percep-
tion, elle n’est pas concentration. C’est par l’élimination de ce
qu’elle n’est pas que se révèle l’évidence de ce qu’elle est, qui est
« vous-même », dans votre nature propre, non objective. C’est
pareil pour l’écoute ou l’observation, qui se révèlent dans la
claire vision de ce qu’elles ne sont pas. C’est, en réalité, l’atten-
tion, l’écoute et l’observation, termes qui désignent une seule
et même réalité, qui objectivent ce qu’elles ne sont pas, sans
jamais pouvoir s’objectiver elles-mêmes.
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Puis-je avoir votre opinion sur les techniques de pleine
conscience, dites « mindfulness », en tant que thérapie ?
L’état ordinaire du mental étant celui de la dispersion,
toutes les pratiques visant à ramener l’attention sur un point
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