Page 293 - La pratique spirituelle
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Un matin, je me maquille. Est-ce une action primordiale et de
pure conscience impersonnelle ou est-ce le jeu de mon ego, qui
cherche à flatter sa propre image, utilisant donc le corps pour
le ramener à lui ? En ce cas l’action est tellement conditionnée
qu’elle me semble être tout à fait personnelle. Chapitre 26
Si le maquillage est fait sur un mode automatique, il
n’est que mémoire conditionnée. S’il est accompli dans La question
la conscience, il prolonge sa beauté et l’exprime dans
l’espace-temps. « Qui suis-je ? »
N’y a-t-il jamais personne, que des émanations de conscience
sans racine, qui ne m’appartiennent pas, et qui expriment sans
histoire et sans passé ? Ces questions-là, cette respiration, ces
pensées, ce paysage par la fenêtre...
Oui, tout à fait. Cherchez le moi, vous ne le trouverez Lorsque je lis et intègre certaines de vos réponses, il y a dans
jamais. Car il n’est qu’une pensée. Et saisir une pensée est le corps une sorte d’acquiescement avec le réveil des sensa-
tout aussi impossible que d’attraper un bol d’air avec une seule tions propres à la respiration, aux mains ou aux pieds. Et c’est
main. comme si le bonheur intellectuel de comprendre quelque chose
était rapidement traduit dans des sensations corporelles. Aussi,
Vos réponses m’ont particulièrement touché, et je ressens beau- pourquoi seulement à certains endroits, tels que les pieds par
coup de gratitude à votre générosité. Peut-on prier ? Peut-on exemple ?
tout enlever ? Peut-on se dévêtir sans compromis aucun, se Le corps est une caisse de résonance. La jouissance propre
mettre à genoux, tout donner, tout lâcher, se perdre complète- à la révélation du vrai se répercute dans la structure corporelle.
ment, se dissoudre ? Tout comme un instrument, qui peut être plus sensible dans
Peu importe le nom donné à ce qui reçoit l’abandon.
L’essentiel est dans l’abandon lui-même, cette dissolution des les graves que dans les aigus, ou inversement, le corps a aussi
ses zones de vibration privilégiées.
prétentions égotiques, et la nudité qui les remplace.
« Qui » ressent cette jouissance, ce bien-être ? « Qui » est com-
blé à ces moments-là ? Puisqu’il n’y a personne, et pourtant cette
extraordinaire perception est bien là, et quelque chose en est
comblé.
C’est la joie du non-manifesté qui transpire dans la
manifestation.
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