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ARCHEOLOGIE
du XVIIIe siècle qui ne voyait dans Mais l'armature de l'État était bien plus forte
l'histoire byzantine qu’ « un tissu de révol- que sous Justinien : la réforme administrative
tes, de séditions et de perfidies ». Elle est avait substitué aux anciennes provinces, trop
due, sans doute, aux forces vitales que petites et trop nombreuses, un système co-
l'Empire gardait encore en lui, mais aussi à hérent de thèmes ou divisions militaires, diri-
gés par des stratèges auxquels était subor-
une double chance. La première est d'ordre
donnée l'administration civile. La préfecture
géographique : l'attaque arabe, dont le
du prétoire, dangereuse par l'énormité de
point de départ se situe à peu près à la
ses attributions, avait disparu, et ses services
jointure de l'Afrique et de l'Asie, tomba
financiers avaient repris leur indépendance.
d'abord sur l'Égypte et les provinces
Dans l'armée, l'importance des troupes mer-
d'Orient, qui, précisément, par leur situation cenaires, peu sûres et très coûteuses, avait
excentrique, leur attachement à l'hérésie, le considérablement diminué par l'installation
prestige même de leurs vieilles capitales, de soldats-paysans. Dès 635, Damas tombe
constituaient un obstacle à l'unité de l'Em- aux mains des Arabes, en 636, une armée
pire. Ce qui resta de celui-ci après la perte byzantine, dépêchée par Héraclius, est écra-
de ces provinces forma désormais autour sée à Yarmouk. En 638, Jérusalem est enva-
de la capitale un bloc plus cohérent et plus hie. Alexandrie est perdue en 642. Il aura fal-
difficile à entamer. La seconde chance de lu moins de dix ans pour que l'Empire byzan-
l'Empire, c'est que les Héraclides aient su tin, pourtant vainqueur des Perses, perde
d'une façon définitive ses provinces orienta-
renoncer au rêve universaliste de la dynas-
les, les plus riches et les plus peuplées. Ce
tie justinienne et comprendre assez tôt qu'à
recul de Byzance s'explique par l'inadapta-
cet État, remodelé par le nouvel équilibre
tion des défenses de l'Empire à l'invasion
politique de l'Asie antérieure, il fallait des
arabe.
institutions nouvelles. À sa mort, Héraclius
laissait un Empire amputé par les Arabes
de l'Arménie, de la Mésopotamie, de la Sy-
rie-Palestine et bientôt de l'Égypte ; les Bal-
kans, submergés par les Slaves de la mer
Noire à la Dalmatie, échappaient pour le
moment à l'autorité impériale.