Page 201 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France Les nouvelles drogues ou l'imagination sans limite
actif obtenu, ils en font des comprimés, qu’ils conditionnent et
diffusent par Internet. Ces drogues sont présentées soit comme
telles, soit comme des médicaments. Beaucoup d’entre elles
échappent aux lois en vigueur. Les stratégies marketing infiltrent
les réseaux sociaux et s’attaquent aux plus jeunes. Ce vaste trafic,
très juteux, mobilise la criminalité organisée.
Alors que les prises en charge médicales des intoxications par
l’héroïne, la cocaïne ou les amphétamines sont bien codifiées, les
services de réanimation médicale sont souvent démunis face à ces
nouvelles drogues, car leurs effets sont inconnus et l’évolution
de leurs intoxications imprévisibles. Ce constat vaut également
pour les cannabinoïdes de synthèse et « spices », dont la toxicité
diffère sensiblement de celle du cannabis. Leurs prises en charge
médicales sont complexes et les connaissances progressent moins
vite que l’apparition sur le marché de ces nouvelles drogues.
Leur analyse par les laboratoires de toxicologie se heurte à des
difficultés d’identification et de quantification. Lors de congrès
internationaux récents, il a été fait état de nombreuses intoxications
mortelles imputées à ces nouvelles drogues. Ainsi, lors du congrès
de toxicologie du TIAFT à Londres (avril 2013), le représentant
de l’EMCDDA rapportait une cinquantaine de décès en Europe.
La seule 4-méthylthioamphétamine (4-MTA) a été responsable en
une année de 22 morts en Europe, tandis que le 5-(2-aminopropyl)
indole était à l’origine de 24 décès, en seulement 5 mois, dans
seulement trois pays de l’Union Européenne (informations
transmises par le professeur J.-P. Goullé).
Parmi les produits naturels qui font florès, citons :
- le Kratom, un grand arbre d’Asie, Mytragyna speciosa (de la
famille des Rubiacées) dont les feuilles contiennent, entre autres
alcaloïdes, la mitragyne et la 9-hydroxy corynanthéidine qui
stimulent les récepteurs opioïdes de type mu (comme le fait la
morphine) ; ce sont donc des stupéfiants ;
- la Sauge psychodysleptique (Salvia divinorum). Ses effets sont
bien loin de ceux d’une plante officinale (Salvia officinalis,
famille des Labiées) qui eut la réputation d’une panacée ;
- les champignons hallucinogènes ;
- la cathinone du Khat des abyssins (Cata edulis).
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