Page 206 - Desastre Toxicomanie
P. 206

Le désastre des toxicomanies en France                                                                                 Les médicaments détournés de leur usage



                 toxicomanie.  C’est  le  cas  de  la  codéine (3-méthyl  morphine,
                 contenue dans l’opium mais aussi obtenue par hémi-synthèse),
                 qui  est  très/trop  largement  utilisée.  Son  efficacité  peut  différer
                 notablement d’un individu à l’autre. Elle s’utilise à une dose dix fois
                 supérieure à celle de la morphine car elle agit essentiellement par
                 la transformation en cette dernière. C’est donc un promédicament
                 que l’on peut, en l’occurrence, traduire par prodrogue. C’est
                 environ un dixième de sa dose qui est converti en morphine.
                 Cette conversion/transformation correspond à une déméthylation,
                 opérée par le foie. Elle est catalysée par le cytochrome P  du type
                                                                      450
                 2D , dont l’activité est génétiquement conditionnée. On distingue
                   6
                 des  métaboliseurs  lents  (qui  bénéficient  faiblement  des  effets
                 analgésiques  de  la  codéine),  des métaboliseurs  moyens  et  des
                 métaboliseurs  rapides  (qui,  eux,  bénéficient  intensément  de  ses
                 effets). Ce sont ces métaboliseurs rapides qui ont la plus grande
                 propension à en devenir dépendants.
                   En association à la prométhazine,  la codéine participe à un
                 cocktail,  qui n’a rien d’inoffensif, le «  purple drink » ; parti
                 des USA, il arrive en Europe et, bien sûr, en France. Outre une
                 somnolence,  un syndrome confusionnel et même  franchement
                 délirant, il peut induire des convulsions généralisées, surtout chez
                 ses plus jeunes consommateurs.
                   Le dextrométhorphane  est un dérivé morphinique utilisé
                 comme antitussif,  sans  effet dépresseur respiratoire ; il est
                 antagoniste d’un des types des récepteurs de l’acide glutamique
                 (le récepteur NMDA). Il est détourné à des fins toxicomanogènes.
                   Le tramadol (Topalgic , Contramal , Ixprim , Zaldiar ) est un
                                                               ®
                                                      ®
                                          ®
                                                                        ®
                 agoniste partiel des récepteurs opioïdes de type mu. Il est largement
                 prescrit depuis que le dextropropoxyphène a été retiré du marché.
                 Un certain nombre de patients en sont devenus dépendants. Le
                 tramadol est métabolisé par le cytochrome P  du type 2D , en
                                                                           6
                                                             450
                 O-déméthyl tramadol, dont la puissance analgésique est deux à
                 quatre fois plus grande que celle du tramadol lui-même. Ainsi les
                 métaboliseurs lents (ayant un déficit génétiquement conditionné
                 en cytochrome 2D ) bénéficieront moins de ses effets analgésiques
                                  6
                 que les métaboliseurs rapides ; ils seront aussi moins sensibles au
                 développement d’une addiction à ce médicament.


                                              206
   201   202   203   204   205   206   207   208   209   210   211