Page 211 - Desastre Toxicomanie
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Chapitre XI

                                 À qui profite la drogue ?



                      L’importante progression des drogues repose largement sur le
                   nombre et l’appétit de leurs trafiquants. Les bénéfices somptueux
                   qui résultent de leur production et de leur trafic sont la puissante
                   force motrice qui nourrit les addictions.
                      L’appât du gain s’exprime au niveau des États : la France et
                   ses produits alcooliques, le Maroc et son cannabis, l’Afghanistan
                   et son opium, le Chili et sa cocaïne… Avec les drogues licites,
                   on constate  que  des responsables politiques  de niveau  moyen
                   (députés, sénateurs) sont subjugués par les lobbies de l’alcool ou
                   du tabac. Avec les drogues illicites, la corruption peut concerner
                   des responsables politiques de haut niveau ; les royalties qu’ils
                   en retirent, permettent leur enrichissement personnel et/ou l’achat
                   de suffrages et/ou des investissements dans des campagnes
                   médiatiques.  Ces «  leaders » (dealers  ?)  dévoyés  peuvent  être
                   corrompus  par  de  puissantes  mafias.  Cela  dit,  relativisons,  en
                   constatant  que de  telles accusations,  rarement  démontrées,
                   entretiennent beaucoup de fantasmes et sont utilisés comme armes
                   pour décrédibiliser  des adversaires  politiques  (néanmoins, dans
                   cet univers impitoyable, dans ce bal des voyous, les pires sont
                   souvent les gagnants). Le terrorisme international, des rebellions
                   nationales, semblent aussi rouler au carburant de la drogue.
                      Les États et leurs gouvernements, toujours à cours d’argent,
                   se goinfrent de taxes, en contrepartie  du caractère  licite  qu’ils
                   confèrent à des drogues tirelires (tabac, alcool, auxquels d’aucuns
                   sont impatients d’ajouter le cannabis). C’est une vision myope,
                   à court terme (celle d’un mandat), qui se dispense de mettre en
                   perspective  ces dispositions avec les conséquences sanitaires,
                   sociales, sociétales des ressources obtenues « hic et nunc » (ici
                   et  maintenant). Ce faisant, ils caressent  l’industrie  du tabac  et
                   les buralistes ; les alcooliers, les vignerons, les circuits de vente
                   et les bistrots. Pour élargir l’assiette des taxes, ils envisagent le
                   libre accès aux drogues actuellement illicites, promettant à des
                   fins  électoralistes  aux  usagers  de  ces  drogues  leur  légalisation.


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