Page 216 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France À qui profite la drogue ?
qu’ils réclament ; tant qu’ils n’auront pas obtenu cette légalisation,
ils estimeront qu’il n’y aura pas eu de débat. On est troublé et,
quant à moi, scandalisé, qu’un quotidien national, soucieux de
respectabilité, se déconsidère à ce point, en incitant au délit et en
faisant l’apologie des toxicomanies. Alors bas le masque de la
confusion entre information et opinion.
Que coûtent les drogues à l’État ?
Il est grand temps d’arrêter de croire et de faire croire que l’État
est bénéficiaire dans le commerce des drogues légales et plus
encore des drogues illégales. L’économiste Pierre Kopp (que nous
avons déjà cité pour railler son travail sur les bénéfices que l’on
pourrait attendre d’une légalisation du cannabis) vient d’analyser
le bilan économique des drogues, en introduisant des éléments qui
manquaient gravement à ses premiers calculs sur le bilan potentiel
du cannabis. Il aboutit, comme on s’en doutait, au constat que les
drogues coûtent beaucoup plus cher à la collectivité qu’elles ne
lui rapportent (OFDT, 10 sept. 2015). Cette récente étude a chiffré
leur coût social et leur coût pour les finances publiques. Leur
coût social prend en compte : la valeur/le prix des vies humaines
perdues (une année de vie perdue est estimée à 115.000 euros) ; la
perte de la qualité de vie. Le coût pour les finances publiques fait
la balance entre les dépenses (les pertes de production, le coût des
soins liés à chaque pathologie, celui de la prévention, celui de la
répression) et les économies (retraites non versées) s’ajoutant aux
recettes (taxes prélevées sur les drogues licites).
Le « coût social » élevé pour l’alcool, le tabac et les drogues
illicites, s’explique par le nombre très important de décès,
respectivement de 49.000, 79.000 et 1.600 vies perdues. Pour
l’alcool, le tabac et les drogues illicites, il est de respectivement
114 - 102 et 6 milliards d’euros. Ainsi le coût pour l’alcool est de
11 % supérieur à celui du tabac, bien que les décès dus au tabac
(79.000) soient plus nombreux que ceux dus à l’alcool (49.000).
Cette différence s’explique par un âge moyen de décès plus précoce
pour l’alcool que pour le tabac (respectivement 63 ans et 71 ans)
et par le fait que de nombreux décès accidentels engendrés par
l’alcool interviennent précocement. Vient en deuxième position la
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